Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/427

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vois pas quelle raison il aurait de lui refuser cette qualité.

Pour ce qui est des Turcs et des autres peuples étrangers au christianisme, je suis convaincu que s’ils adorent Dieu par la pratique de la justice et l’amour du prochain, l’esprit du Christ est en eux, et leur salut est assuré, quelque croyance qu’ils professent d’ailleurs sur Mahomet et ses oracles.

Voyez-vous maintenant, mon ami, combien cet homme s’est écarté de la vérité dans ses affirmations ? Mais cela ne m’empêche pas de tomber d’accord que ce n’est pas à moi, mais à lui-même qu’il a fait injure, quand il n’a pas rougi de prétendre que je me sers de raisons détournées pour introduire en secret l’athéisme.

Je ne pense pas, du reste, que vous trouviez rien dans ce qui précède qui vous paraisse trop sévère pour cet homme. Si vous rencontriez toutefois quelque mot trop dur, je vous prie de le retrancher ou de le corriger selon que vous le jugerez convenable. Mon dessein n’est point d’irriter personne, qui que ce puisse être, ni de travailler à me faire des ennemis. Or, comme c’est la suite ordinaire de ce genre de disputes, je ne me suis décidé qu’avec peine, je le répète, à vous envoyer cette réponse, et je n’aurais certainement pu m’y résoudre, si je n’avais été lié par ma promesse. Adieu ; je confie cette lettre à votre prudence, et vous prie de me croire, etc.


Lettre XXIV.

À MONSIEUR ****,

B. DE SPINOZA.



MONSIEUR,


Vous désirez que je marque la différence qu’il y a entre les sentiments de M. Hobbes et les miens sur l