Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/440

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en ce moment, je ne dis pas à écrire contre son gré, mais à avoir nécessairement le désir d’écrire.

Vient ensuite cette objection, que si nous sommes contraints par les causes extérieures, l’acquisition de la vertu n’est plus possible. Mais qui a dit à votre ami que la fermeté et la constance de l’âme dépendent de son libre décret, et ne se peuvent concilier avec le fatum et la nécessité ? Toute malice, ajoute-t-il, serait excusable avec une telle doctrine. Mais où en veut-il venir ? Des hommes méchants, pour être nécessairement méchants, en sont-ils moins à craindre et moins pernicieux ? Au surplus, permettez que je vous renvoie, pour plus de développement, au chap. VIII de la part. I de mon Appendice aux Principes de Descartes démontrés dans l’ordre des géomètres.

Un mot encore. Je voudrais bien que votre ami qui m’adresse toutes ces objections m’expliquât de quelle façon il concilie cette vertu humaine fondée sur le libre décret de l’âme avec la préordination divine. Dira-t-il avec Descartes qu’il ne sait point opérer cette conciliation : le voilà donc qui s’efforce de diriger contre moi une arme dont il s’est déjà blessé lui-même. Mais cet effort est inutile. Pesez mes sentiments avec attention, et vous verrez que tout s’y accorde parfaitement.


Lettre XXX.

(Extrait)


À MONSIEUR DE SPINOZA,

        • 1.



MONSIEUR,


C’est très-sérieusement, je vous assure, que je vous prie de résoudre mes difficultés et que je