Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 1, 1838.djvu/15

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VII.

Telle est la coutume du manoir de Branksome. Plus d’un vaillant chevalier le protège ; mais qu’est devenu celui qui fut leur chef à tous ? Son épée se rouille pendue à la muraille près de sa lance brisée. Les bardes rediront long-temps comment tomba le brave comte Walter5 ! Lorsque les habitants épouvantés fuyaient au loin les fureurs de la guerre qui désolait les frontières, lorsque les rues du superbe Dunedin[1] virent briller les lances et les coutelas teints de sang, qu’elles retentirent des cris sinistres du Slogan[2], alors tomba sous le fer de ses meurtriers le chef du clan de Branksome.

VIII.

La piété peut-elle arrêter les discordes ou guérir les plaies envenimées d’une haine mortelle ? La charité chrétienne, le patriotisme peuvent-ils mettre un terme à leurs funestes effets ? Non ! ce fut en vain que les deux partis se rendirent réciproquement en pèlerinage6 à tous les autels que recommandait la vénération des fidèles ; ce fut en vain qu’ils implorèrent la miséricorde divine en faveur des chefs dont le sang avait rougi leurs propres coutelas : tant que Cessford reconnaîtra l’autorité des Car7 ; tant qu’Ettrick se fera honneur d’être gouverné par celle des Scott, jamais, non jamais ne seront oubliés et le meurtre des chefs, et les dissensions invétérées, et le carnage des guerres féodales.

IX.

Les intrépides guerriers de la forêt d’Ettrick suivirent consternés le convoi de lord Walter. Les jeunes filles et les femmes du vieux Téviot couvrirent de fleurs et de larmes le brancard funèbre ;

  1. Édimbourg. Voir l’explication de Dun Edin dans les notes de Marmion. a. m.
  2. Cri de guerre ou mot de ralliement d’un clan des frontières. a. m.