Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 1, 1838.djvu/20

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sait, les yeux bandés, le sentier qu’il devait suivre. Par ses ruses et ses détours, en franchissant des précipices effroyables, il avait plus d’une fois mis en défaut les meilleurs limiers de Percy16 ; il n’y avait pas un gué dans l’Eske ou le Liddel qu’il ne fût en état de traverser l’un après l’autre ; peu lui importait le temps, ou les saisons dans les neiges de décembre, ou dans les chaleurs de juillet par une nuit obscure, ou aux premiers rayons du jour : jamais un courage plus ferme, un bras plus vigoureux ne ramenèrent leur proie des villages dévastés du Cumberland. Cinq fois il avait été proscrit et par le roi d’Angleterre et par la reine d’Écosse.

XXII.

« Sir William de Deloraine, toi sur qui je puis toujours compter dans l’occasion, prends dans les écuries le coursier le plus agile, n’épargne point l’éperon et ne mets pied à terre que lorsque tu seras arrivé sur les bords riants de la Tweed et dans les murs sacrés de l’abbaye de Melrose. Demande le moine de l’aile de Sainte-Marie, salue-le affectueusement de ma part ; dis-lui que l’heure marquée est venue, et que, cette nuit, il doit veiller avec toi pour obtenir les trésors de la tombe : car ce sera la nuit de saint Michel, et quoique les astres soient obscurcis, la lune est cependant brillante ; et la croix d’un rouge de sang indiquera le tombeau du mort redouté. »

XXIII.

« Garde avec soin ce qu’il te donnera ; ne t’arrête pour prendre ni nourriture ni repos ; que ce soit un rouleau de parchemin ou un livre, chevalier, garde-toi d’y jeter les yeux ; si tu le lis, tu es perdu ! Mieux vaudrait pour toi que tu n’eusses jamais vu le jour. »

XXIV.

« Oh ! mon coursier gris pommelé, qui boit l’onde claire du