Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/13

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le Vieillard à la mémoire des personnes qui périrent dans cet endroit en combattant pour leur croyance religieuse, durant les guerres civiles du règne de Charles II.

« De la ferme de Caldon, les travaux du Vieillard s’étendirent avec le temps sur presque tout le pays des basses terres de l’Écosse. Il y a peu de cimetières dans les provinces d’Ayr, de Galloway ou de Dumfries, où l’on ne reconnaisse même aujourd’hui les traces de son ciseau. Il est facile de distinguer son travail de celui de tout autre artiste, par la sculpture grossière des emblêmes de la mort et des inscriptions qui ornent les pierres mal taillées élevées par lui. Réparer les anciennes pierres sépulcrales et en ériger de nouvelles, fut la seule occupation que l’on connut à ce singulier personnage pendant plus de quarante ans. La maison de chaque caméronien lui était ouverte toutes les fois qu’il voulait y entrer, et il y était toujours accueilli comme s’il eût fait partie de la famille ; mais il ne profitait pas toujours de cette facilité, comme on peut le voir par le mémoire suivant de ses dépenses frugales, trouvé dans son portefeuille, après sa mort, parmi d’autres papiers dont quelques-uns sont en ma possession :

Gatehouse of Fleet, 4 février 1796.
DOIT ROBERT PATERSON À MARGUERITE CHRYSTALE :


Pour logement pendant sept semaines. L. 0 4 1
Pour quatre auchlets de farine d’avoine. 0 3 4
Four six lippies de pommes de terre. 0 1 3
Pour argent prêté lors de la communion de M. Reid. 0 6 0
Pour trois chopines de yerr, bues avec Sandy le marchand de craie. 0 0 9
―――――
0 15 5
Reçu à compte 0 10 0
―――――
Reste dû 0 5 5

« Ce mémoire prouve que dans sa vieillesse notre religieux pèlerin était fort pauvre, mais c’était plutôt par choix que par nécessité ; car à l’époque dont nous parlons, ses enfants étaient très-bien établis, et auraient désiré qu’il se fixât dans la famille ; mais rien ne fut capable de le faire renoncer à sa vie errante. Il continua à voyager de cimetière en cimetière, monta sur son vieux petit cheval jusqu’au dernier jour de son existence, et mourut, ainsi que vous le rapportez, à Bankhill près de Lockerby, le 14 février 1801, dans la quatre-vingt-sixième année de son âge. Aussitôt que son corps fut trouvé, on en donna avis à sa famille,