Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riaux paraissait expliquer la teinte rougeâtre qui, même dans le temps de la plus grande réputation du tonnelier, avait toujours paru suspecte. La vaisselle de Clément fut rejetée avec horreur, au grand profit de ses rivaux les marchands de poterie. Le fabricant de boissellerie vit son commerce tout à coup interrompu, et il en apprit la cause par plusieurs de ses pratiques qui vinrent, en grand courroux, lui rendre sa marchandise et demander le remboursement de leur argent. Dans une position aussi désagréable, il fit citer le Vieillard des tombeaux au tribunal, où il prouva que le bois qu’il employait dans son commerce n’était autre chose que les douves de vieilles barriques de vin, qu’il achetait des contrebandiers, alors très-nombreux dans le pays, ce qui expliquait d’une manière satisfaisante la couleur que contractait le contenu des vases. Le Vieillard, de son côté, déclara devant la cour, que dans ce qu’il avait dit aux enfants, il n’avait eu d’autre intention que de réprimer la grande pétulance de leurs jeux. Mais il est plus aisé de détruire une bonne réputation que de la rétablir[1]. Le tonnelier Clément vit son commerce diminuer tous les jours, et il mourut dans un état voisin de la misère.




Les lettres initiales J. C, placées à la fin de plusieurs notes du roman que l’on va lire, sont celles de Jedediah Cleishbotham, pseudonyme sous lequel sir Walter Scott a publié les Contes de mon Hôte. (Note de l’Éditeur.)

  1. But it is easier to take away a good name than to restore it ; maxime d’une vérité profonde, et que les passions humaines font souvent oublier. a. m.