Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/8

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côte occidentale de l’Angleterre, que le conseil privé d’Écosse, par une mesure cruelle de précaution, ordonna, dans les provinces méridionales et occidentales, l’arrestation de plus de cent personnes, y compris plusieurs femmes et enfants, que l’on soupçonnait, d’après leurs principes religieux, d’être hostiles au gouvernement. Les conducteurs de ces captifs les chassaient devant eux vers le nord, comme des troupeaux de bœufs, et se mettaient moins en peine de pourvoir à leurs besoins qu’ils ne l’auraient fait pour des animaux. Ces malheureux furent enfin entassés dans un cachot souterrain du château de Dunnotar, qui n’avait d’autre fenêtre que celle qui donnait sur un précipice au-dessus de l’océan Germanique. Ces captifs, après avoir beaucoup souffert dans leur marche, souffrirent plus encore, en arrivant, des railleries des prélatistes du nord, ainsi que des moqueries de la populace et des airs insultants que jouaient tous les joueurs de flûte et de violon, accourus sur leur passage pour jouir de leur triomphe sur ceux qui avaient outragé leur croyance. Ils ne trouvaient pas même de repos dans leur cachot. Les gardes leur faisaient payer toutes les petites douceurs qu’ils leur accordaient, même jusqu’à l’eau dont ils avaient besoin, et lorsque quelqu’un de ces malheureux résistait à une demande aussi déraisonnable et insistait sur le droit qu’il avait à ce que cet objet de première nécessité lui fût gratuitement fourni, le geôlier répandait l’eau sur le pavé de la prison, en disant que, s’ils étaient obligés d’apporter de l’eau pour ces cafards de whigs, ils ne l’étaient pas du tout de leur fournir des vases gratis pour la contenir.

Dans cette prison, que l’on appelle encore le Caveau des whigs, plusieurs moururent de maladies occasionnées par l’insalubrité du lieu, et d’autres se rompirent les bras ou les jambes, en faisant des tentatives pour s’échapper. Après la révolution, les amis de ces infortunés érigèrent des monuments sur leurs tombes, avec des inscriptions qui rappelaient leur sort.

Ce lieu de sépulture des whigs martyrs est particulièrement vénéré par leurs descendants, quoiqu’ils résident à une distance considérable de la terre de leur captivité et de leur mort. Mon ami, le révérend M. Walker, me dit que dans une tournée qu’il fit dans le sud de l’Écosse, il y a quarante ans, il s’égara au milieu des nombreux passages et sentiers qui traversent en tous sens la plaine inculte de Lochar-Moss, près de Dumfries, d’où il était presque impossible à un étranger de se retirer ; et il n’était pas