Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/12

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bliographe, où il est intitulé : King and the Hermite[1]. Un court extrait de ce morceau montrera sa ressemblance avec l’entrevue du roi Richard et de frère Tuck.

Le roi Édouard (on ne dit point auquel des monarques de ce nom se rapporte l’aventure ; mais, d’après son caractère et ses habitudes, on peut croire que c’est Édouard IV) part avec sa cour pour une grande partie de chasse dans la forêt de Sherwood, où, comme cela est fort ordinaire aux princes dans les romans, il rencontre un daim d’une grandeur et d’une vitesse extraordinaires. Il s’attache vivement à sa poursuite, jusqu’à ce qu’ayant dépassé toute sa suite et considérablement fatigué ses chiens et son cheval, il se trouve lui-même égaré dans les profondeurs d’une immense forêt, sur laquelle la nuit commence à descendre. Sous l’influence de la crainte que l’on peut naturellement ressentir en pareille situation, le roi se rappelle avoir entendu dire comment de pauvres gens, qui craignent de ne point trouver un bon gîte pour la nuit, adressent leurs prières à saint Julien qui, dans le calendrier romain, est le quartier-maître général des voyageurs égarés qui se recommandent à lui. Édouard le cite donc son oraison, et, sans doute sous la conduite du bon saint, il trouve un petit sentier qui le conduit à une chapelle construite dans la forêt, et auprès de laquelle est la cellule d’un ermite. Le roi entend le saint homme récitant son rosaire avec un compagnon de sa solitude, et demande avec douceur l’hospitalité pour la nuit. « Je n’ai rien à offrir qui soit digne d’un seigneur tel que vous, répond l’ermite. Je ne me nourris dans ce désert que de racines et d’écorces d’arbre, et ne puis offrir aucun secours à l’homme même le plus misérable, à moins que ce ne soit pour lui sauver la vie. » Le roi demande le chemin du plus prochain village ; mais, reconnaissant que la route en serait déjà fort difficile même à la clarté du jour, il déclare qu’avec ou sans le consentement de l’ermite, il est déterminé à devenir son hôte pour la nuit. Cette menace détermine l’anachorète à lui ouvrir, non toutefois sans donner à entendre que, si ce n’eût été son habit de moine, il se fût fort peu inquiété de ses menaces et de sa colère, et que s’il le laissait entrer, ce n’était point par peur, mais pour éviter le scandale.

Le roi est enfin dans la cellule ; deux bottes de paille sont jetées à terre pour son usage, et il se console en pensant que du moins il est à couvert, et qu’une nuit sera bientôt passée. Mais d’autres be-

  1. Le Roi et l’Ermite. a. m.