Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/11

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tours en ruines que le désir de relations sociales ou la facilité d’une défense mutuelle avait réunies vers la tête de ce vallon, je n’ai besoin d’ajouter aucune autre raison pour montrer qu’il n’y a pas de ressemblance entre elles et l’habitation solitaire de la dame Elspeth Glendinning. Outre ces demeures, il existe quelques restes d’un bois naturel et une portion considérable de marais et de fondrières ; mais je ne voudrais conseiller à personne qui serait curieux des localités de perdre son temps à chercher la fontaine et l’arbre sacré de la Dame Blanche.

Pendant que je suis sur ce sujet, je puis ajouter que le capitaine Clutterbuck, l’éditeur imaginaire du Monastère, n’a pas de prototype réel que j’aie jamais vu ou dont j’aie entendu parler, dans le village de Melrose ou ses environs. Pour donner quelque individualité à ce personnage, il est dépeint comme un caractère que l’on rencontre dans la société actuelle, c’est-à-dire comme une personne qui, ayant consacré sa vie aux devoirs indispensables de sa profession, dont il est à la fin sorti, se trouve dans le désœuvrement et exposé à devenir la proie de l’ennui, jusqu’à ce qu’il découvre quelque sujet d’investigation analogue à ses goûts, sujet dont l’étude lui donne de l’occupation dans la solitude, en même temps que la possession des renseignements qui lui sont particuliers ajoute à son importance dans la société. J’ai remarqué souvent que des notions légères et communes de la science des antiquaires étaient singulièrement utiles pour combler un vide de cette nature, et plus d’un capitaine Clutterbuck s’en est ainsi occupé dans sa retraite. Je fus donc surpris grandement lorsque je trouvai le capitaine antiquaire mis en parallèle d’identité avec un de mes voisins et amis qui n’eût jamais été confondu avec lui par quiconque aurait lu l’ouvrage et vu la personne à laquelle on faisait allusion. Cette identification erronée existe dans un livre intitulé : « Illustrations de l’auteur de Waverley, comprenant des notices et des anecdotes sur les caractères, les scènes et les incidents réels, supposés, décrits dans ses ouvrages, par Robert Chambers. » Ce livre devait contenir beaucoup d’erreurs, comme toutes les compositions de ce genre, quelle que fût l’habileté de l’auteur qui prenait à tâche d’expliquer ce qu’une autre personne pouvait seule faire. Des méprises de lieux et de choses inanimées auxquelles on réfère sont de peu d’importance ; mais l’ingénieux auteur eût dû être plus circonspect en attachant des noms réels à des personnages fictifs. Nous