Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépouiller nos emprunts, qu’à mettre de côté les principes factices et les ornements que nous avons reçus de notre système de société comparativement artificiel, et nos sentiments naturels se trouvent à l’unisson avec ceux du barde de Chios et des héros qui vivent dans ses vers. Il en est de même dans une grande partie des récits de mon ami M. Cooper. Nous sympathisons avec ses chefs indiens et ses hommes des bois, et nous reconnaissons dans les caractères qu’il nous présente la même vérité de la nature humaine, par laquelle nous serions influencés si nous étions placés dans la même condition. Cela est si vrai que, bien qu’il soit difficile et même impossible d’amener aux usages et aux devoirs de la vie civilisée un sauvage nourri dès son enfance, aux fatigues de la guerre et de la chasse, il n’est rien de plus commun que de trouver des hommes qui ont été élevés dans toutes les habitudes et les commodités de la société perfectionnée, et qui veulent les échanger contre les durs travaux de la chasse et de la pêche. Les amusements les plus véritablement recherchés et les plus goûtés par les hommes de tout rang, à qui leur constitution physique permet un exercice actif, sont la chasse, la pêche et quelquefois la guerre, travail naturel et nécessaire du sauvage de Dryden, héros libre,

Tel que l’homme sorti des mains de la nature
Dépouilla dans les bois son altière stature.


Mais, bien que les occupations et même les sentiments des êtres humains d’un état primitif trouvent accès, et même excitent l’intérêt chez des esprits de la partie la plus civilisée des espèces, il ne s’ensuit pas que les goûts, les opinions et les folies nationales d’une période civilisée doivent offrir le même intérêt ou le même amusement que les goûts, opinions et folies d’une autre période. Celles-ci généralement, lorsqu’elles sont poussées jusqu’à l’extravagance, ne se fondent non sur aucun goût naturel propre aux espèces, mais sur l’accroissement de quelque caste particulière et affectée, avec laquelle le genre humain en général et les générations qui se succèdent en particulier, n’éprouvent aucune sympathie. Les extravagances de la fatuité dans les manières évaporées sont les légitimes et successifs objets de la satire pendant tout le temps qu’elles subsistent. En preuve de ce que j’avance, les critiques du théâtre peuvent remarquer combien sur la scène les jeux d’esprit sont toujours