Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/39

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une des chandelles (car David, voulant donner une forte preuve de son respect envers l’étranger, nous en avait donné deux), il parut le parcourir avec beaucoup d’attention.

« Il y a parmi les ruines de l’extrémité occidentale de l’église de l’abbaye, » reprit-il en me regardant, mais toujours tenant son mémorandum entr’ouvert, et y jetant de temps en temps un coup d’œil, comme pour aider sa mémoire, « une espèce de niche ou de chapelle, sous un arceau délabré, et immédiatement dans le voisinage d’une de ces colonnes gothiques maintenant brisées, qui soutenaient autrefois une coupole magnifique dont les ruines encombrent à présent cette partie de l’édifice.

— Je crois connaître à peu près l’endroit dont vous parlez, lui répondis-je : n’y a-t-il pas sur un des murs de cette chapelle ou de cette niche une grande pierre sur laquelle on a gravé un écusson, avec des armoiries que jusqu’ici personne n’a pu déchiffrer ?

— Justement ! » dit le bénédictin, et après avoir de nouveau consulté son memorandum, il ajouta : » Les armes à droite sont celles de Glendinning, c’est-à-dire une croix coupée par une autre croix, dentelée et contrechargée ; à gauche sont trois molettes d’éperon, les armes d’Avenel ; ce sont deux anciennes familles, aujourd’hui presque éteintes dans ce pays-ci. Les écussons sont divisés par des pals.

— Je crois, lui dis-je, qu’il n’est pas une partie de cet antique édifice que vous ne connaissiez comme le maçon qui l’a construit : mais si vos renseignements sont exacts, celui qui a déchiffré ces armoiries avait des yeux meilleurs que les miens.

— Ses yeux, mon cher capitaine, sont depuis long-temps fermés par la mort. Probablement lorsqu’il examina cet édifice, ses restes se trouvaient en meilleur état ; ou peut-être la tradition locale lui a-t-elle fourni cette information.

— Je vous assure qu’il n’existe plus maintenant aucune tradition à ce sujet. J’ai consulté à diverses reprises les vieillards du pays, dans l’espoir d’apprendre quelque chose qui eût rapport à ces armoiries ; mais je n’ai jamais rien pu recueillir. Il est bien étonnant que vous en ayez été instruit en pays étranger.

— Ces futiles particularités étaient autrefois regardées comme beaucoup plus importantes ; elles avaient d’ailleurs un degré de sainteté aux yeux des exilés qui en conservaient le souvenir, parce qu’elles avaient rapport à des lieux qui leur étaient chers et qu’ils