Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/60

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perles orientales, accompagné d’un billet parfumé, fut bientôt extrait du paquet. La dame, après y avoir jeté un léger coup d’œil, remit l’un à sa suivante, puis elle lut ou plutôt dévora le contenu de l’autre.

« À coup sur, madame, dit Jeannette en regardant avec admiration les rangées de perles, « les filles de Tyr ne portaient pas de plus beaux colliers que celui-ci. Et la devise : Pour un cou encore plus beau ! Chacune des perles vaut une fortune.

— Et chaque mot de ce papier chéri vaut tout le collier, mon enfant… Mais viens à mon cabinet de toilette ; il faut nous faire belle ; milord vient ici ce soir… Il me prie de vous bien accueillir, monsieur Varney, et ses désirs sont une loi pour moi… Je vous invite à une collation dans mon appartement, cette après-midi, et vous aussi, monsieur Foster. Donnez des ordres pour que tout soit prêt et convenablement disposé pour recevoir milord ce soir… » En disant ces mots, elle quitta la salle.

« Elle prend déjà un ton, dit Varney, et fait une faveur de sa présence, comme si elle partageait déjà le rang de milord. Il n’y a pas de mal… Il est sage de répéter d’avance le rôle que la fortune nous destine à jouer… Le jeune aigle doit s’exercer à regarder le soleil avant de prendre son essor pour s’élever vers lui.

— Si en tenant la tête haute on garantit ses yeux d’être éblouis, la jeune dame ne baissera pas la crête ; elle prendra bientôt son vol hors de la portée de mon sifflet. Monsieur Varney, je vous assure que déjà maintenant elle me traite avec fort peu d’égards.

— C’est ta faute, tête dure et sans invention, qui ne connais d’autre moyen de répression que la force ouverte et brutale… Ne peux-tu lui rendre l’intérieur de la maison agréable, au moyen de la musique et d’autres amusements ? Ne peux-tu lui rendre l’extérieur redoutable par des contes de revenants ? Tu habites près du cimetière, et tu n’as pas encore eu l’esprit d’en faire surgir un fantôme pour retenir tes femmes dans une bonne discipline !

— Ne parlez pas de cela, Varney ; je ne crains pas les vivants, mais je ne badine pas avec mes voisins du cimetière. Je vous assure qu’il faut un grand courage pour vivre si près d’eux ; le digne M. Holdforth, le prédicateur du soir de Sainte-Antholine, eut une belle frayeur la dernière fois qu’il vint me rendre visite.

— Trêve à tes discours superstitieux ! Et pendant que tu parles de visites, dis-moi, maudit coquin, comment il se fait que j’ai trouvé Tressilian à la petite porte du parc.