Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/7

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INTRODUCTION
MISE EN TÊTE DE LA PREMIÈRE ÉDITION D’ÉDIMBOURG.


Mais pourquoi de petits seigneurs prétendraient-ils accaparer toutes nos louanges ? Réveille-toi, ma muse, et chantons l’homme de Ross.
Pope.


Après avoir réussi en quelque sorte, dans l’histoire de la Prison du Mid-Lothian, à éveiller l’intérêt du lecteur en faveur d’une héroïne privée de toutes ces qualités accomplies qui leur appartiennent de droit, pour ainsi dire, j’étais tenté de choisir un héros sur ce modèle, en apparence si pauvre ; et comme la dignité de caractère, la bonté du cœur et la droiture de principes étaient nécessaires à celui qui ne prétendait ni à une haute naissance, ni à une sensibilité romanesque, ni à ces perfections dont on les pare ordinairement dans cette nature de composition, j’usais librement du nom d’une personne qui a laissé dans la capitale de l’Écosse les plus magnifiques preuves de sa bienveillance et de sa charité.

Pour le lecteur écossais, il n’est pas besoin de lui dire que l’homme auquel je fais allusion est George Heriot. Mais pour celui qui habite au midi de la Tweed, il est peut-être nécessaire d’ajouter que ce personnage était un riche citoyen d’Édimbourg, orfèvre du roi, qui suivit le roi Jacques dans la capitale de l’Angleterre ; et il eut tant de bonheur dans sa profession, qu’il laissa à sa mort, en 1624, une fortune très-considérable pour ce temps. Il était sans enfant ; et après avoir mis de côté une large part destinée à ceux de sa famille qui pourraient avoir quelque chose à réclamer de lui, il laissa le reste de sa fortune pour fonder un hôpital où les enfants des bourgeois d’Édimbourg sont aujourd’hui élevés et instruits gratuitement pour la profession à laquelle leurs talents les rendent propres, et où enfin ils sont mis à même d’entrer dans le monde sous de favorables auspices. Cet hôpital est un noble édifice quadrangulaire, de style gothique, qui fait l’ornement de la ville. Il n’est pas moins apprécié pour son architecture que pour l’excellente éducation que la jeunesse y reçoit, et qui rend cette institution si utile à la société. À l’honneur du clergé et des magistrats d’Édimbourg, qui en ont la direction, ses fonds ont tellement augmenté sous leur administration, que maintenant il contient et élève cent trente jeunes gens par an, dont plusieurs dans différentes positions ont fait la gloire de leur pays.