Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/14

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moins devaient saisir le coupable, porter témoignage contre lui et le juger pour son action récente.

Si, sans aucun accusateur certain et sans l’indice du crime, un individu était fortement soupçonné, ou si la nature de l’offense était telle qu’il ne pût pas exister de preuves, et qu’elle ne pût faire naître que de graves présomptions, on soumettait alors l’accusé à ce que les jurisconsultes allemands appelaient la procédure inquisitoriale. Il était du devoir de l’échevin de dénoncer le leumund, ou cet individu d’une mauvaise réputation manifeste, au tribunal secret. Si la simple dénonciation suffisait aux échevins et au freegraff, soit par leurs connaissances personnelles à ce sujet, soit par les renseignements de leur collègue, on appelait l’accusé verfambt ; il était condamné à mort, et dans quelque lieu qu’il tombât entre les mains des frères du tribunal, ils l’exécutaient sans délai et sans merci. Un coupable qui s’était soustrait à la justice des échevins était exposé au même châtiment. Tel était aussi le jugement porté contre la partie qui, après avoir été assignée à comparaître devant une cour ouverte, faisait défaut. Mais jamais le wissenden n’était exposé au procès sommaire ou au procès inquisitorial, à moins qu’il n’eût révélé les secrets du tribunal. On le présumait un homme fidèle, et si on n’avait de grands soupçons pour l’accuser ou pour le faire leumund, cette présomption ou cette mauvaise réputation qui lui aurait été fatale, s’il n’avait pas été initié, disparaissait complètement devant le serment de l’échevin libre. Si une partie accusée par appel ne déclinait pas des investigations, il comparaissait devant la Cour ouverte et se défendait selon les règles ordinaires de la loi. S’il se cachait, ou s’il y avait contre lui des choses évidentes ou des présomptions, l’accusation était alors portée devant la cour secrète qui prononçait son jugement. Le procès accusatorial, comme on l’appelait, était aussi, dans plusieurs cas, porté en première instance devant le Heimliche Acht. Suivant l’examen des témoignages, il ne possédait aucun caractère particulier, et ses formes étaient celles des cours ordinaires de justice. Le wissenden ou witan ne pouvait être jugé que de cette manière. Ce privilège d’être exempt des procès sommaires ou des effets du leumund, paraît avoir été une des raisons qui engagèrent tant de personnes qui ne marchaient pas sur la terre rouge, de chercher à faire partie du lien vehmique.

Il n’y avait point de mystère dans l’assemblée de Heimliche Acht. Les juges s’assemblaient sous un chêne ou sous un tilleul, en plein