Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/88

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et les payait en défendant les droits de citoyen par des arguments dans le conseil, et par des exploits sur le champ de bataille.

Les citoyens de la ville, ou, comme ils aimaient bien mieux qu’on la nommât, de la jolie cité de Perth, avaient, depuis plusieurs générations, nourri un protecteur et un prévôt de ce genre dans la noble famille de Charteris, lords de Kinfauns, dans le voisinage de Perth. Il y avait à peine un siècle, sous Robert III, que le premier membre de cette famille distinguée s’était établi dans le château fort qui leur appartenait alors, ainsi que les domaines pittoresques et fertiles qui l’environnent. Mais l’histoire chevaleresque du premier envahisseur était bien propre à faciliter L’établissement d’un étranger dans le pays où l’avait amené sa fortune. Nous la rapporterons telle qu’elle est donnée par une tradition ancienne qui porte en elle un grand air de vérité, et qui dans tous les cas paraît être suffisamment authentique pour entrer dans des histoires plus sérieuses que celle-ci.

Pendant la courte carrière du célèbre patriote sir William Wallace, lorsque ses armes avaient pour un temps chassé les envahisseurs anglais de son pays natal, il entreprit, dit-on, un voyage en France avec une petite troupe de fidèles amis, pour essayer si sa présence (car il était respecté en tout pays pour sa valeur) pourrait décider le monarque français à envoyer en Écosse un corps de troupes auxiliaires ou d’autres secours propres à aider les Écossais à reconquérir leur indépendance.

Le champion de l’Écosse était à bord d’un petit vaisseau et faisait route vers le port de Dieppe, quand il apparut au loin une voile que les matelots regardèrent avec doute et crainte, et ensuite avec désespoir. Wallace demanda à connaître quelle était la cause de leur alarme. Le capitaine du bâtiment l’informe que le grand navire qui approchait avec l’intention de les aborder, appartenait à un célèbre corsaire également renommé pour son courage, sa force de corps et ses pirateries. C’était un gentilhomme nommé Thomas de Longueville, Français de naissance, mais de profession un de ces pirates qui s’intitulèrent amis de la mer et ennemis de tous ceux qui voguaient sur cet élément. Il attaquait et pillait les vaisseaux de toutes les nations, comme un de ces anciens Norses, rois des mers, dont la domination s’étendait sur les montagnes des vagues. Le capitaine ajouta qu’aucun bâtiment ne pouvait échapper au corsaire par la fuite, tant son navire était agile, et qu’aucun équipage, si brave qu’il fût, ne pouvait espérer de