Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/13

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bles et attachantes descriptions dont ils sont remplis ; si tu as suivi avec intérêt les étranges et singulières vicissitudes qu’ils retracent ; moi aussi, j’ai souri en voyant un second étage surmonté d’un attique, s’élever sur ma petite maison de Gandercleugh, les murs ayant été préalablement déclarés par le diacre[1] Barrow capables de supporter une telle augmentation de poids. Ce n’a pas été non plus sans quelque joie que je me suis revêtu d’un habit neuf couleur tabac, avec boutons de métal, et le pantalon pareil. Il y a donc eu entre nous échange de bienfaits ; mais ceux que j’ai reçus étant les plus solides (car une maison neuve et un habit neuf valent mieux qu’un nouveau livre et une vieille chanson), il est convenable que ma reconnaissance s’exprime sur un ton plus élevé et avec une véhémence plus passionnée. Mais comment s’exprimera-t-elle ? non par des paroles seulement, mais par des actions. C’est dans ce seul but, et en désavouant toute intention d’acquérir cette pièce ou ce lopin de terre qu’on appelle le Carlinescroft, adjacente à mon jardin, et de la contenance de soixante-dix acres trois verges quatre perches, que j’ai mis ces quatre nouveaux volumes des Contes de mon hôte sous les yeux des approbateurs des quatre précédents[2]. Cependant, s’il prend envie à Pierre Prayfort de vendre ledit lopin de terre, il est le maître de le déclarer, et peut-être qu’il rencontrera un acquéreur ; à moins, aimable lecteur, que les plaisantes peintures de Pierre Pattieson, adressées à toi en particulier, et au public en général, n’aient perdu de leur prix à tes yeux : ce que je ne crains pas, à vrai dire. J’ai d’ailleurs tant de confiance dans la continuation de ta faveur que, si quelque affaire t’appelle à la ville de Gandercleugh, où beaucoup de gens viennent pour ceci ou pour cela, une fois au moins en leur vie, je gratifierai tes yeux de la vue de ces précieux manuscrits qui t’ont procuré tant de plaisir, ton nez d’une prise de mon tabac, ton palais d’un coup de mon ratafia, nommé par les savants de Gandercleugh la goutte de Dominie Dribble.

C’est alors, très-vénérable et très-cher lecteur, que tu pourras rendre témoignage, quoique par l’intermédiaire de tes sens, contre les enfants du siècle qui ont cherché à identifier ton serviteur et ami avec je ne sais quel auteur de contes apocryphes qui a rempli le monde de ses inventions, mais qui n’a pas le courage de les

  1. Deacon, diacre, syndic de corporation : il s’agit ici de celui de la corporation des maçons. a. m.
  2. Chacun de ces romans a été publié en quatre volumes in-12. a. m.