Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/75

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quelque déguisement et à sortir de la prison avec ses hôtes. Il est probable que le geôlier aurait favorisé son évasion, ou que, au milieu du trouble et du désordre, il ne s’en serait pas aperçu. Mais Porteous et ses amis manquèrent de présence d’esprit pour concevoir et exécuter ce plan. Ceux-ci s’échappèrent à la hâte d’un lieu où leur propre sûreté semblait compromise, et lui, comme frappé de stupeur, attendit dans sa prison le résultat de l’entreprise des insurgés. Au moment où le bruit des instruments avec lesquels ils tentaient d’enfoncer les portes cessa de se faire entendre, Porteous reprit quelque courage : il espérait que la garnison du château ou la troupe logée dans le faubourg, après avoir pénétré dans la ville, avait dispersé le rassemblement ; mais cet espoir dura peu. La lumière étincelante des flammes qui, à travers les barreaux de sa fenêtre, se répandait dans tous les coins de sa chambre, lui fît comprendre que la foule, opiniâtrement déterminée à accomplir son fatal projet, avait adopté un moyen extrême, mais infaillible.

L’imminence d’un danger connu tira enfin Porteous de l’état de stupeur et d’abattement où l’avait fait tomber la première surprise : mais comment fuir ? où se cacher ? Monter dans la cheminée, au risque d’être suffoqué, fut le seul moyen qui s’offrit à lui. Mais il fut bientôt arrêté par ces barres de fer que, dans les maisons de détention, l’on place ordinairement aux diverses ouvertures par lesquelles pourraient s’échapper les prisonniers. Si elles mirent obstacle à ce qu’il s’élevât plus haut, elles l’aidèrent au moins à se soutenir : il les saisit avec l’énergie désespérée d’un homme qui croit s’attacher aux dernières espérances de son salut. L’effrayante lumière qui avait illuminé la chambre s’affaiblit graduellement, puis s’évanouit tout à fait ; des cris affreux retentirent dans la cour de la prison ; bientôt ils se firent entendre dans le petit escalier tournant placé dans une des tourelles, et qui conduisait à l’étage supérieur. Une acclamation de joie et de triomphe répondit à ces vociférations des insurgés ; car les prisonniers, espérant être délivrés au milieu de la confusion générale, les saluaient comme leurs libérateurs ; quelques-uns même indiquèrent l’appartement qu’occupait le malheureux Porteous. Les serrures et les verrous furent bientôt brisés, et de l’endroit où il se tenait caché, l’infortuné capitaine entendit ses ennemis fureter dans tous les coins de l’appartement, en proférant des jurements et des malédictions qui ne serviraient, si nous les rapportions,