Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/40

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(ce qui était un plus grand mystère que tout le reste) qu’un certain ouvrage, intitulé le Moine, formant trois jolis volumes, avait été vu par un œil observateur, à droite, dans le tiroir de l’armoire indienne placée dans le cabinet de toilette de lady Ratcliff. Ainsi préparées à écouter des merveilles, lady Ratcliff et ses nymphes placèrent leurs chaises autour d’un feu vaste et brillant, et se disposèrent de manière à ne rien perdre du roman. J’approchai aussi de ce feu, tant à cause de l’inclémence du climat, qu’à raison de ma surdité qui, vous le savez, mon cher cousin, me survint pendant ma campagne sous le prince Charles-Édouard. Cette infirmité ne m’empêchait nullement de chercher à satisfaire ma curiosité qu’excitait le récit d’un fait relatif au destin de fidèles serviteurs de la royauté, comme l’a toujours été, vous le savez, la maison de Ratcliff. Le vicaire s’approcha également de ce feu de bois, et s’appuya commodément sur sa chaise, semblant disposé à témoigner son dédain pour la narration et le narrateur, en se livrant au sommeil aussitôt qu’il le pourrait sans trop blesser les convenances. À côté de Maxwell (je ferai observer en passant que je ne puis dire s’il est tant soit peu parent ou allié de la famille Nithsdale) étaient placées une petite table et une couple de flambeaux, à la lumière desquels il lut ce qui suit :

journal de jan van eulen.

Le 6 novembre 1645, moi, Jan van Eulen, négociant à Rotterdam, je m’embarquai avec ma fille unique à bord du bon navire le Vryheid d’Amsterdam, afin de passer dans le malheureux royaume d’Angleterre, en proie alors aux discordes civiles. — Le 7 novembre, vent frais : ma fille a la maladie de mer ; je suis moi-même incapable de finir le calcul que j’ai commencé, au sujet de l’héritage laissé par Jane Lansache de Carlisle, sœur de feu ma chère femme ; et c’est pour recueillir cet héritage que j’entreprends ce voyage. — 8 novembre, vent toujours fort et contraire : une catastrophe horrible a été sur le point de m’arriver ; ma chère enfant est jetée à la mer dans le moment où l’on gouvernait pour se mettre sous le vent. Mémorandum pour récompenser le jeune matelot qui l’a sauvée, sur le premier argent que je pourrai toucher de l’héritage de sa tante Lansache. — 9 novembre, calme. P. M., légère brise du nord-nord-ouest. Je parle au capitaine de l’héritage de ma belle-sœur, Jane Lansache. Il dit qu’il en connaît le montant, et qu’il n’excédera pas en valeur la somme de