Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/43

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lord Boteler. Les pages, les écuyers, enfin tout ce qui composait le cortège de la splendeur féodale, revêtus de leurs plus beaux habits de chasse, à cheval ou à pied, selon leur rang, armés d’arcs, d’arbalètes et de pieux, attendaient respectueusement les ordres de leurs maîtres.

Une suite nombreuse de cavaliers appelés alors partisans, et qui recevaient annuellement un habit à livrée et une petite pension à raison du service qu’ils faisaient en de telles circonstances, paraissaient en casaques bleues, portant sur leur armure le cimier de la maison de Boteler comme un signe de leur attachement à cette famille. Ces cavaliers étaient les plus beaux hommes que les villages voisins pussent fournir. Chacun d’eux portait un bouclier ; un espadon brillant et poli était suspendu à une ceinture de cuir ; ils devaient ce jour-là faire l’office des gardes-chasse, c’est-à-dire battre les taillis et faire lever le gibier. Tous ces serviteurs réunis remplissaient la cour du château, quoiqu’elle fût très-spacieuse.

Sur le gazon, en dehors, les paysans, habillés de diverses couleurs, s’étaient rassemblés, avertis qu’une chasse splendide devait avoir lieu. Au milieu d’eux se trouvaient une grande partie de nos vieilles connaissances de Tewin, aussi bien que les joyeux amateurs de bonne chère de l’auberge de Hob-Filcher. On pense bien que Grégoire le Bouffon n’avait que fort peu envie de se montrer après le récent désastre qu’il avait éprouvé ; mais Oswald, l’intendant, grand observateur des cérémonies en tout ce qui concernait la représentation publique de la famille de son maître, avait positivement ordonné à Grégoire de venir. « Quoi ! dit-il, dans un aussi beau jour la maison du brave lord Boteler se trouverait sans bouffon ? Certes, s’il en était ainsi, le bon lord Saint-Clerc et sa charmante sœur pourraient penser que notre maison est aussi mesquinement tenue que celle de leur incivil parent de Gay Bowers, qui envoya le bouffon de son père à l’hôpital, vendit les sonnettes du pauvre sot pour des liens de faucon, et se fit un bonnet de nuit de son bonnet à longues oreilles. Écoute, maraud, je veux te voir plus fou que jamais ; que j’entende des quolibets et des bons mots, et non plus ces railleries fades, lourdes et sans sel que tu emploies depuis quelque temps ; ou, corbleu ! le portier te recevra dans sa loge, et t’infligera, avec ta propre épée de bois, une correction telle que la peau de ton corps sera aussi bigarrée que ton pourpoint.