Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/48

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penchés vers elle, s’efforçaient de la rappeler à la vie ; on y parvint promptement en faisant usage des remèdes ordinaires, tandis que lord Boteler, étonné de ce spectacle horrible, s’empressait d’en demander l’explication à Saint-Clerc et de s’informer s’il y avait encore de nouveaux dangers à craindre.

« Pour le présent je ne le pense pas, dit le jeune guerrier qu’on remarqua avoir été légèrement blessé ; mais je supplie Votre Grandeur de souffrir que ces bois soient visités et examinés en tous sens, car nous avons été attaqués par quatre de ces vils assassins, et je m’aperçois que trois seulement ont mordu la poussière. »

Les gens de la suite amenèrent alors la personne qu’ils avaient arrachée à la fureur des chiens, et Henri reconnut avec un dégoût mêlé de honte et d’étonnement, son propre parent, Gaston Saint-Clerc. Il communiqua cette découverte à lord Boteler, mais à voix basse. Celui-ci ordonna que le prisonnier fût conduit à Queen-Hoo-Hall et gardé à vue ; il s’informa ensuite avec inquiétude auprès du jeune Saint-Clerc de l’état de sa blessure.

« Oh ! une égratignure, une bagatelle, s’écria Henri, et je me hâterai moins de la panser que de vous présenter l’homme sans l’aide duquel les secours du médecin auraient été prodigués trop tard. Où est-il ? où est mon brave libérateur ? »

« Le voilà, mon noble seigneur, dit Grégoire se laissant glisser de son cheval, et faisant quelques pas en avant ; le voilà prêt à recevoir la récompense que Votre Seigneurie voudra bien lui conférer. »

« En effet, mon ami Grégoire, répondit le jeune guerrier, tu ne seras point oublié ; car tu as couru à toute hâte, et tu as bravement demandé du secours, et sans toi, je pense que nous n’en eussions pas reçu. Mais où est-il, le brave garde-chasse qui est venu me secourir au moment où j’allais succomber sous les efforts de ces trois scélérats ? »

Chacun regardait à l’entour ; mais quoique tous l’eussent aperçu en entrant dans le taillis, personne maintenant ne pouvait le trouver ; on conjecturait seulement qu’il s’était retiré pendant la confusion qu’avait occasionnée l’arrestation de Gaston. »

« Ne le cherchez pas, dit lady Emma qui avait alors un peu recouvré ses sens ; certainement ce ne peut être un mortel.

Le baron, convaincu, d’après la réponse de lady Emma, que la terreur avait, pour le moment, troublé quelque peu sa raison, empêcha qu’on la questionnât, et Matilde et Éléonore, auxquel-