Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/53

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et il résolut de la délivrer. Mais voyant combien était délicate la situation d’Emma, il recommanda à Ursely de lui cacher l’intérêt qu’il prenait à ses malheurs, étant résolu, pour veiller efficacement sur elle, de se déguiser jusqu’à ce qu’il la vit en lieu de sûreté. Il parut donc devant elle pendant le voyage qu’elle fit, sous des déguisements divers, et sans s’éloigner de sa personne, si ce n’est à une distance peu considérable ; quatre cavaliers robustes étaient toujours à la portée de son cor, dans le cas où leur secours eût été nécessaire. Dès qu’elle eut été placée en sûreté au château, l’intention de Fitzosborne était d’obtenir de ses sœurs qu’elles lui fissent une visite et la prissent sous leur protection ; mais il les trouva absentes de Diggswell, elles venaient de se rendre dans un comté éloigné, chez un vieux parent alors dangereusement malade. Elles ne revinrent de ce voyage que le jour qui précéda les jeux du mai, et les événements postérieurs se succédèrent avec trop de rapidité pour permettre à Fitzosborne de trouver le moyen de les présenter à lady Emma Darcy. Il résolut, le jour de la chasse, de conserver son déguisement romanesque, et d’accompagner lady Emma en qualité de garde, tant pour avoir le plaisir de se trouver à ses côtés, que pour s’assurer si, suivant le bruit qui courait dans le pays, elle recevait avec plaisir les hommages de Fitzallen de Marden, son ami et son compagnon d’armes. Comme on peut bien le penser, Fitzosborne ne fit point connaître ce dernier motif aux personnes qui l’écoutaient. Après le combat qu’il soutint contre les bandits, il attendit l’arrivée du baron et des chasseurs ; et, craignant que Gaston ne comptât encore sur l’exécution de perfides desseins, il se rendit immédiatement à son château pour y armer la troupe qui avait accompagné les chasseurs jusqu’à Queen-Hoo-Hall.

L’histoire de Fitzosborne terminée, il reçut les remerciements de tous, et particulièrement ceux de Saint-Clerc, qui apprécia extrêmement la respectueuse délicatesse dont il avait usé envers sa sœur. Lady Emma fut informée avec soin des obligations qu’elle avait à Fitzosborne. Nous laissons au lecteur à juger si la raillerie de lady Éléonore lui fit regretter que le ciel n’eût employé que des moyens fort naturels pour sa sécurité, et que l’ange gardien eût été métamorphosé en un beau, galant et amoureux chevalier.

La joie qu’éprouvait la compagnie dans la salle du banquet se faisait sentir jusque dans l’office, où Grégoire le bouffon racontait