Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/120

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m’arrêterai, et, comme je le dis par plaisanterie, elle nous vole la moitié du temps de nos leçons. — Oh ! oh ! pensa Mac-Morlan, le vent souffle de ce côté ! j’avais déjà entendu parler de quelque chose comme cela. »

Il commença alors à considérer quelle conduite était la plus sûre pour sa protégée, et même pour lui personnellement ; car le vieux M. Hazlewood était puissant, riche, ambitieux et vindicatif, et il regarderait au titre et à la fortune dans toute alliance que son fils pourrait contracter. Enfin, ayant la plus haute opinion du bon sens et de la pénétration de Lucy, il résolut de profiter de la première fois où ils se trouveraient seuls pour lui communiquer cette chose comme un simple avis. Il le fit le plus naturellement qu’il put. « Je souhaite que vous vous réjouissiez de la bonne fortune de votre ami M. Sampson, miss Bertram ; il a un élève qui lui paie deux guinées pour six leçons de grec et de latin. — En vérité ! j’en suis également heureuse et surprise. Qui peut être si généreux ? Le colonel Mannering serait-il de retour ? — Non, non, ce n’est pas le colonel Mannering ; mais que pensez-vous de votre ancienne connaissance, M. Charles Hazlewood ? Il parle de prendre ses leçons ici. Je souhaite que nous puissions nous arranger avec lui. »

Lucy rougit beaucoup. « Pour l’amour du ciel ! non, monsieur Mac-Morlan, qu’il n’en soit point ainsi ; Charles Hazlewood a déjà eu assez de peine pour cela. — Pour les classiques ? ma chère lady, répliqua-t-il, paraissant à dessein ne pas la comprendre. Bon nombre de jeunes gens ont eu assez de mal à une époque ou à l’autre ; mais les études de Charles maintenant sont volontaires. »

Miss Bertram laissa tomber la conversation ; et comme Lucy paraissait garder le silence sur ce qu’on venait de lui dire, et former intérieurement quelque résolution, son hôte ne fit aucun effort pour la relever.

Le lendemain miss Bertram trouva l’occasion d’avoir un entretien avec Sampson. Elle lui exprima de la manière la plus gracieuse sa reconnaissance et ses remercîments pour son attachement désintéressé, et sa joie de lui voir une occupation si lucrative ; mais elle lui fit entendre que la manière dont avaient lieu maintenant les études de Charles Hazlewood devait être si incommode pour son élève, que tant qu’elles dureraient il ferait mieux de demeurer soit avec son disciple, soit du moins aussi près de lui qu’il serait possible, Sampson refusa, comme elle s’y attendait, de prêter un seul instant l’oreille à cette proposition. Il ne la quitterait pas