Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/203

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nombre d’officiers de l’armée, m’assureront sans doute un crédit que je ne pourrais obtenir d’un juge civil : l’officier commandant m’aidera à arranger cette affaire de manière que cette malheureuse folle, dont la méprise ou les préventions ont eu pour moi de si heureux résultats, ne soit pas inquiétée. Un magistrat civil pourrait se croire obligé de la faire arrêter et de la faire mettre en prison, et j’aurais à me reprocher tout ce qui pourrait s’ensuivre. Non, fût-elle le diable, elle a bien agi avec moi, j’agirai de même avec elle ; elle jouira du privilège d’une cour martiale, où le point d’honneur est la première loi. En outre je dois la revoir à Kipple… Couple… Je ne sais comment elle appelle cet endroit ; alors je lui rends sa bourse, et si la justice met la main sur elle, je n’y aurai pas contribué. »

Plein de cette idée, Brown prit dans la bourse de l’Égyptienne trois ou quatre guinées, pour subvenir à ses dépenses les plus urgentes, et, remettant le reste dans la bourse qu’il referma, il résolut de ne point la rouvrir avant de l’avoir rendue à celle qui la lui avait donnée, ou mise entre les mains de quelque fonctionnaire public. Se souvenant alors du coutelas qu’il avait emporté de la cabane, son premier mouvement fut de le jeter dans la plantation ; mais comme il pouvait encore rencontrer les brigands, il ne put se résoudre à s’en défaire. Quoique simple, son habit de voyage avait une coupe militaire qui lui permettait d’y ajouter une arme sans paraître ridicule. D’ailleurs, si les personnes étrangères à la profession des armes commençaient à s’abstenir de porter l’épée, l’usage en était encore trop répandu pour que les personnes qui continuaient de s’y conformer, attirassent l’attention sur elles. En conséquence, Brown conserva cette arme pour sa défense, et plaça la bourse de l’Égyptienne dans une poche secrète, et, traversant bravement le bois, il se dirigea vers la grande route que lui avait indiquée l’Égyptienne.