Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

long-temps détenue à la ville voisine, la vieille Meg Merrilies a été muette. Elle est aussi fidèle que l’acier. — C’est comme vous le dites, répliqua Glossin. Et néanmoins, si l’on pouvait l’emmener en Zélande, à Hambourg… ou… ou… en quelque autre pays… vous m’entendez, cela ne vaudrait que mieux. »

Hatteraick se redressa sur ses pieds ; et regardant Glossin de haut en bas, « Je ne vois pas de pieds de bouc, dit-il, mais il faut que vous soyez le diable en personne !… Meg Merrilies, sachez-le bien, est encore mieux avec Satan que vous-même… Je n’ai jamais essuyé un si terrible ouragan qu’après le jour où je l’ai blessée… Non, non, je ne veux rien avoir à démêler avec elle. C’est une sorcière du démon… un véritable diable… Quant au jeune homme, si cela peut se faire sans nuire au commerce, je vous en débarrasserai bientôt, si, quand il sera sous l’embargo, vous m’en donnez bon avis. »

Ces deux dignes associés concertèrent leur entreprise, et convinrent des moyens d’assurer leur correspondance. Le lougre d’Hatteraick pouvait sans danger croiser près de la côte, aucun bâtiment de la marine royale ne se trouvant en ce moment dans ces parages.



CHAPITRE XXXV.

LA VISITE.


Vous êtes de ces gens qui ne voudraient pas servir Dieu quand le diable le leur ordonnerait. Parce que nous sommes venus pour vous rendre service, vous nous prenez pour des vauriens.
Shakspeare. Othello.


De retour chez lui, Glossin, parmi différentes lettres et papiers arrivés pendant son absence, en trouva une de la plus grande importance : elle était de M. Protocole, procureur à Édimbourg. Il s’adressait à lui, comme à l’agent de feu M. Bertram d’Ellangowan, écuyer, et de ses représentants, pour lui annoncer la mort subite de mistress Margaret Bertram de Singleside, et le priait de communiquer cette nouvelle à ses clients, qui, s’ils le jugeaient à propos, pourraient se faire représenter dans les opérations relatives à la succession qui venait de s’ouvrir.

Glossin comprit que l’auteur de cette lettre ignorait la rupture qui avait eu lieu entre lui et son défunt patron. Il savait que Lucy Bertram avait quelques droits à cette succession ; mais il y avait