Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/286

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lents. — De la venaison ? Eh ! mais, non ! cela est impossible. Je ne puis même vous inviter à venir dîner chez moi. Le lundi et le mardi sont jours sacrés ! Mercredi je dois plaider dans une affaire très importante. Mais écoutez ! le temps est froid ; si vous ne partez pas et que cette venaison puisse se garder jusqu’à jeudi… — Vous dînerez avec moi ce jour-là ! — Je vous le promets. — Bien, je resterai donc, comme j’en avais eu l’intention, une semaine ici ; et si la venaison ne se garde pas, nous verrons ce que notre hôte pourra nous donner en place. — Oh ! la venaison se gardera, répondit Pleydell ; et maintenant adieu. Mais à propos, voici quelques lettres de recommandation ; remettez-les à leurs adresses, si vous le jugez à propos. Je les ai écrites ce matin à votre intention. Adieu, mon clerc m’attend à cette heure, pour commencer l’instruction d’une maudite affaire. » Et M. Pleydell partit d’un pas rapide, s’enfonçant dans des passages, montant des escaliers couverts, qui, pour arriver à la rue Haute, étaient à la route ordinaire ce que le détroit de Magellan est à la route plus large, mais plus détournée, du cap Horn.

En jetant les yeux sur les lettres de recommandation que monsieur Pleydell venait de lui remettre, Mannering vit avec joie qu’elles étaient adressées à quelques-uns des littérateurs les plus éminents de l’Écosse : David Hume, esq. — John Home, esq. — Le docteur Fergusson. — Le docteur Black. — Lord Kaimes. — Monsieur Hutton. — John Clerk, esq. — Adam Smith, esq. d’Eldin. — Le docteur Robertson.

« Sur ma parole, mon ami l’avocat a des connaissances bien choisies. Ce sont là des noms qui ont fait du bruit dans le monde. Un indien doit se préparer l’esprit et mettre ses idées en ordre, avant de se présenter dans une pareille société. »

3Iannering ne manqua pas de profiter des lettres de M. Pleydell. Nous regrettons beaucoup de ne pouvoir donner au lecteur une idée du plaisir et de l’instruction qu’il trouva dans un cercle toujours ouvert aux étrangers instruits et sensés, et tel qu’il n’y en eut jamais de semblable à aucune époque, sous le rapport de la supériorité et de la variété des talents.

Le jeudi, M. Pleydell arriva à l’auberge du colonel Mannering. La venaison se trouva de première qualité, le vin de Bordeaux excellent, et le docte avocat, amateur éclairé des plaisirs de la table, fit honneur à l’un et à l’autre. Cependant je ne pourrais dire si la bonne chère lui causa plus de plaisir que la présence de Dominie