Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/29

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nering sur l’avantage et l’utilité d’envelopper ses bottes avec des bouchons de paille, lorsqu’on est forcé d’aller à cheval par une soirée froide.

Comme beaucoup de lairds de cette époque, Godefroy Bertram d’Ellangowan avait une longue généalogie et de petits revenus. La liste de ses ancêtres remontait si haut qu’ils se perdaient dans les siècles barbares de l’indépendance galwégienne. Ainsi son arbre généalogique, outre la série interminable de croisés, comme Godefroy, Gilbert, Denis et Roland, portait des fruits païens d’âges encore plus reculés, comme Arths, Knarths, Donagilts et Hanlon. Ils avaient été primitivement possesseurs turbulents d’un domaine désert mais immense, et chefs d’une nombreuse tribu nommée Mac[1] Dingawaie, quoique dans la suite ils eussent adopté le surnom normand de Bertram. Ils avaient fait des guerres, excité des révoltes ; ils avaient été défaits, décapités, pendus, comme il convenait à une famille illustre il y a des siècles. Mais par degrés leur importance avait diminué, et au lieu d’être eux-mêmes chefs de complots et de conspirations, les Bertram ou les Mac Dingawaie d’Ellangowan étaient descendus au rôle subalterne de complices. L’affaire la plus fatale où ils figurèrent comme acteurs, eut lieu dans le xviie siècle, quand une fougue insensée les remplit d’un esprit de contradiction qui les mit en opposition formelle avec le gouvernement vainqueur établi. Ils eurent une conduite entièrement différente de celle du célèbre vicaire de Bray, et se rangèrent avec autant d’opiniâtreté du côté du parti le plus faible, que le digne prélat du côté le plus fort ; et néanmoins, comme lui, ils eurent leur récompense.

Allan Bertram d’Ellangowan, qui florissait tempore Caroli primi, était, dit mon autorité, sir Robert Douglas dans son Histoire des Barons écossais (voyez l’article Ellangowan), un fidèle royaliste et plein de zèle pour la cause de Sa Majesté sacrée, pour laquelle il s’unit avec le célèbre marquis de Montrose et d’autres dévoués et honorables patriotes, et pour laquelle il fit de grandes pertes. Il obtint l’honneur de la chevalerie, qui lui fut conféré par Sa très sacrée Majesté, et ses biens furent mis en séquestre, comme malintentionné, par le parlement en 1642, et après comme révolutionnaire, en 1648. Ces deux fâcheuses épithètes de malintentionné et de révolutionnaire coûtèrent au pauvre sir Allan la moitié du patrimoine de sa famille. Son fils, Denis Bertram,

  1. Mac veut dire fils. a. m.