Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/321

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nuit, de peur d’évasion. Il devait, en attendant, rester prisonnier au château d’Hazlewood.

« Cet emprisonnement, pensait-il, sera moins rigoureux et moins long que ma captivité chez les sauvages de l’Inde ; mais que le diable emporte le vieux et entêté formaliste, et son sournois de collègue qui parle toujours à demi-voix ! Ils ne peuvent comprendre le récit tout simple qu’un homme leur expose. »

Cependant Glossin prenait congé du baronnet, se confondant en protestations respectueuses, alléguant mille excuses pour ne pas accepter son invitation à dîner ; du moins il osait espérer qu’on lui permettrait de revenir, à quelques jours de là, présenter ses hommages à sir Robert, à lady Hazlewood, et au jeune M. Hazlewood.

« Certainement, monsieur, répondit le baronnet d’un air gracieux, je puis dire que notre famille n’a jamais manqué de civilité pour ses voisins ; et quand je passerai devant chez vous, mon bon monsieur Glossin, je vous en convaincrai en allant frapper à votre porte aussi familièrement qu’il est convenable… c’est-à-dire, croyable, supportable. »

Sur ce, ils se quittèrent.

« Maintenant, se dit Glossin, il faut trouver Dirk Hatteraick et ses compagnons… il faut éloigner les soldats des magasins de la douane… et puis tenter le grand coup. Tout dépend de la promptitude. Quel bonheur que Mannering ne soit pas encore revenu d’Édimbourg ! Il connaît ce jeune drôle ; voilà qui augmente encore mes dangers… » Là il permit à son cheval d’aller plus lentement… « Et si j’essayais de faire mes comptes avec l’héritier ?… il est hors de doute qu’il aurait une bonne somme à me payer, et j’enverrais Hatteraick au diable… Mais non, non, non ! il y a trop d’yeux ouverts sur moi ; Hatteraick lui-même, le matelot égyptien et cette vieille sorcière… Non, non ! je m’en tiens à mon premier plan. » Alors, enfonçant ses éperons dans le ventre de son cheval, il s’éloigna au grand trot pour mettre ses machines en mouvement.