Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/329

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d’horreurs, dans un lieu si convenable pour les idées qu’elles excitent ; quand j’entends ces bruits lugubres, je me sens une disposition à la mélancolie, telle que je n’en ai jamais éprouvé de semblable ; mais je ne m’y abandonnerai pas… Au diable, recueil d’atrocités et d’infâmies ! dit-il en jetant le livre sur son grabat ; une prison d’Écosse n’abattra pas dès le premier jour un courage que la pénurie, la maladie et la captivité sur une terre étrangère n’ont pu faire fléchir. La fortune m’a éprouvé de bien des manières, et elle ne m’abattra pas aujourd’hui, si je puis l’empêcher. »

Faisant alors un violent effort pour ranimer son courage, il tâcha de considérer sa situation sous un point de vue plus favorable. Delaserre devait être bientôt en Écosse ; les certificats qu’il avait demandés à ses supérieurs allaient arriver sous peu : si même il lui fallait s’adresser à Mannering, qui pouvait dire que le résultat ne serait pas une réconciliation entre eux ? Il avait souvent observé, et il se le rappelait alors, que son ancien colonel, quand il voulait obliger, ne faisait pas les choses à demi, et qu’il semblait d’autant plus s’attacher aux gens, qu’il leur rendait plus de services. Dans le cas présent, une faveur qui pouvait être demandée sans déshonneur et accordée sans peine, amènerait peut-être un raccommodement. De là, ses pensées se tournèrent naturellement vers Julia ; et, sans mesurer l’espace qui séparait un officier de fortune de la riche héritière dont le père pouvait, par son témoignage et sa protection, faire ouvrir les portes de sa prison, il bâtissait les plus jolis châteaux en l’air qu’il embellissait des couleurs riantes d’une soirée d’été, lorsqu’un coup fortement appliqué à la porte de la rue vint interrompre ses rêves de bonheur. Les aboiements du gros dogue enchaîné dans la cour y répondirent avec une force égale. Après beaucoup de minutieuses précautions, la porte s’ouvrit et quelqu’un entra ; puis Bertram entendit le bruit ordinaire des serrures et des verroux, et un chien qui montait précipitamment l’escalier vint gratter et glapir à la porte de sa chambre. Bientôt le pied pesant et la grosse voix de Mac-Guffog, qui semblait montrer le chemin, retentirent dans le corridor. « Par-là, par-là, prenez garde au pas ! Voilà la chambre… » La porte s’ouvrit alors, et il vit avec autant de surprise que de joie la ronde personne de son ami de Charlies-Hope.

« Eh bien, en bien ! » s’écria le digne fermier en promenant ses regards sur les méchants meubles de ce misérable appartement… « qu’est-ce que cela ? qu’est-ce que cela ?… — Un tour de la for-