Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/385

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un mot, je ne donne ni ne refuse mon consentement, mais je demande que vous rachetiez vos erreurs passées ; et comme, malheureusement, vous ne pouvez plus obtenir que l’aveu de votre père lui seul, j’espère que vous m’accorderez cette confiance dont mon ardent désir d’assurer votre bonheur vous fait une obligation sacrée. »

La première partie de ce discours avait un peu affligé Julia ; la comparaison entre les ancêtres des Bertram et ceux des Mannering la fit sourire intérieurement ; mais la conclusion ne pouvait manquer de toucher un cœur naturellement généreux, tel que le sien.

« Mon cher papa, dit-elle en lui tendant la main, je vous donne ma parole que rien ne se passera entre Brown je veux dire Bertram, et moi ; je ne prendrai aucun engagement sans votre aveu et votre approbation. Puis-je vous demander si M. Bertram doit rester à Woodbourne ? — Certainement, aussi long-temps qu’il sera nécessaire pour ses affaires. — Alors, mon père, vous devez présumer qu’il me demandera pour quels motifs je cesse de lui accorder les… encouragements qu’il peut croire que je lui ai donnés. — Je présume, Julia, qu’il respectera ma maison, qu’il aura égard aux services que je désire lui rendre, et qu’il ne se permettra aucune démarche dont j’aurais droit de m’offenser ; je compte, en un mot, qu’il sentira ce qu’il nous doit, à vous et à moi, ce qu’il se doit à lui-même. — Je vous comprends, mon père ; vous serez fidèlement obéi… — Je vous remercie d’avance, ma chère enfant ; mes inquiétudes n’avaient que vous pour objet. Maintenant, essuyez vos yeux et venez déjeuner. »



CHAPITRE LII.

LA LIBERTÉ SOUS CAUTION.


Shérif, je vous donne ma parole que demain, à l’heure du dîner, il se représentera pour répondre à vous ou à tout autre, sur toutes les accusations portées contre lui.
Shakspeare. Henri IV.


Après les différentes scènes (car on peut bien leur donner ce nom) que nous avons rapportées dans les précédents chapitres, tous les habitants de Woodbourne se réunirent pour déjeuner. Dandie seul était absent ; il avait consulté son goût pour les mets, et aussi peut-être pour la société, en acceptant une tasse de thé avec mistress Allan, accompagnée de deux bols de punch, et renforcée de plu-