Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/423

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barre de fer : un homme était étendu sur cette misérable couche. Glossin s’approcha de lui.

« Dirk Hatteraick ! — Tonnerre et enfer ! c’est sa voix ! » dit le prisonnier en se levant sur son séant et en secouant ses fers ; « mon songe est donc vrai ! Retirez-vous, laissez-moi en repos ! Vous n’avez rien de bon à attendre de moi. — Comment, mon bon ami, la perspective de quelques mois de prison suffit pour vous abattre ainsi ? — Oui, sacredié ! quand je ne dois en sortir que pour être pendu ! Laissez-moi ; arrangez vous-même vos affaires ! Détournez votre lumière de mes yeux ! — Allons, mon cher Dirk Hatteraick, ne perdez pas courage ; j’ai un plan superbe à vous communiquer. — Allez au diable, vous et vos plans ! Ce sont vos plans qui m’ont fait perdre mon navire, ma cargaison, et qui me coûteront la vie. À ce moment je rêvais que Meg Merrilies vous traînait ici par les cheveux, qu’elle me donnait le long couteau qu’ordinairement elle portait suspendu à son côté… Savez-vous ce qu’elle me disait ?… Orage et tempête ! ne me provoquez pas. — Hatteraick, mon bon ami, levez-vous et parlez-moi ! — Non ! C’est vous qui avez causé tout le mal, c’est vous qui n’avez pas voulu laisser emmener cet enfant par Meg Merrilies. Elle l’aurait rendu quand il aurait eu tout oublié. — Mais, mon cher Hatteraick, vous avez perdu la tête. — Orage ! Nierez-vous que cette maudite attaque à Portanferry, où nous avons perdu navire et équipage, n’avait été imaginée par vous que dans votre intérêt personnel ? — Mais vous oubliez que les marchandises… — Le diable les emporte ! J’en aurais eu d’autres et bien encore ; mais, nom d’un diable, perdre mon navire, mes braves compagnons, ma vie, pour un lâche, un coquin qui ne peut faire ses mauvais coups que par la main des autres ! Ne me parlez pas davantage,… je suis dangereux pour vous ! — Mais, Dirk…, mais, Hatteraick, écoutez-moi ; deux mots seulement. — Non, par l’enfer ! pas un. — Une seule phrase ! — Mille malédictions : pas une. — Eh bien, va-t’en au diable, obstiné, brute hollandaise ! » dit Glossin perdant patience et le poussant du pied.

« Tonnerres et éclairs ! » dit Hatteraick se levant et saisissant Glossin, « tu veux donc l’avoir ? »

Glossin fit assez bonne résistance ; mais le mouvement du contrebandier avait été si impétueux, qu’il eut à peine le temps de se reconnaître ; il fut renversé, et le derrière de son cou porta avec violence sur la barre de fer. Hatteraick ne lâcha prise que lors-