Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/51

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vous n’en avez pas de sujet, monsieur. — Mille tonnerres, non ; je fais le libre commerce ; je me suis chargé, là-bas à Douglas, dans l’île de Man, de pur cognac, de véritable hyson et souchong, dentelles, si vous en avez besoin ; du cognac naturel, nous en avons débarqué cent barils la nuit dernière. — En vérité, monsieur, je ne suis qu’un voyageur, et je n’ai nullement besoin de rien de tel pour le moment. — Eh bien, alors, je vous souhaite le bonjour, car les affaires avant tout, à moins que vous ne vouliez venir à bord pour prendre un verre d’eau-de-vie ; vous aurez une pleine poche de thé à terre. Dirk Hatteraick connaît la politesse. »

Il y avait dans cet homme un mélange d’impudence, de hardiesse et de crainte soupçonneuse, qui inspirait un dégoût inexprimable. Ses manières étaient celles d’un coquin qui sait qu’on soupçonne son caractère, et qui cherche à écarter les soupçons, affectant une familiarité hardie et insouciante. Mannering le remercia en peu de mots de son invitation ; et après lui avoir dit adieu avec hauteur, Hatteraick se retira avec l’Égyptienne dans la partie des ruines par où il était arrivé. Un escalier très étroit descendait au rivage, il avait été construit probablement pour l’usage de la garnison durant un siège. Ce fut par cet escalier que ce couple d’un aspect également agréable descendit sur le bord de la mer. Le soi-disant capitaine s’embarqua dans une petite barque avec deux hommes qui paraissaient l’attendre, et l’Égyptienne resta sur le rivage, récitant ou chantant un charme et gesticulant avec une grande véhémence.



CHAPITRE V.

LE LAIRD.


Vous avez fait paître sur mes domaines, pillé mes parcs, et coupé le bois de mes forêts, volé le linge de ma maison suspendu à mes fenêtres ; vous m’avez enlevé toutes mes marques de distinction, ne me laissant que l’opinion des hommes, et le sang de mes veines pour montrer au monde que je suis un gentilhomme.
Shakspeare. Richard II.


Lorsque la barque qui portait le capitaine l’eut mis à son bord, les voiles commencèrent à s’enfler, et le vaisseau à prendre le large. Il tira trois coups de canon pour saluer le château d’Ellangowan et, toutes ses voiles déployées, prit le vent qui soufflait de terre.