Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/20

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gouvernement patriarcal, l’auteur doit présenter quelques détails sur le personnage qui a donné son nom à cet ouvrage.

Quand on veut faire connaître un Highlandais, il faut parler d’abord de sa généalogie. Celle de Rob-Roy remontait à Ciar-Mohr, le grand homme couleur de souris, celui que la tradition accuse du meurtre des jeunes étudiants à la bataille de Glenfruin.

Sans nous jeter, non plus que nos lecteurs, dans les ténèbres d’une généalogie highlandaise, il nous suffira de dire qu’après la mort de Mac-Gregor Glenstrae, le clan, découragé par la persécution constante de ses ennemis, paraît n’avoir pu se placer tout entier sous le commandement d’un seul chef. Suivant le lieu de sa résidence et son origine immédiate, chaque famille se mit sous la conduite d’un cheftain, mot qui, dans le langage des Highlandais, signifie l’auteur ou la tête d’une branche de la famille, par opposition à chef, qui commande à toute la tribu.

Les descendants de Dugald Ciar-Mohr habitaient principalement les montagnes entre le Loch-Lomond et le Loch-Katrine ; ils y occupaient une grande étendue de territoire, soit par tolérance, soit par le droit de l’épée, droit qu’il n’était jamais sûr de leur contester, ou par d’autres titres dont il serait inutile de nous occuper. Quoi qu’il en puisse être, ces Mac-Gregor résidaient dans ce lieu, et leurs puissants voisins recherchaient leur amitié, aussi utile à la tranquillité du voisinage pendant la paix, que leur alliance était précieuse pendant la guerre.

Rob-Roy Mac-Gregor Campbell (il portait ce dernier nom par suite des actes du parlement qui avaient aboli le sien) était le fils cadet de Donald Mac-Gregor de Glengyle, qui, s’il faut en croire sa femme, fille de Campbell de Glenfalloch, fut lieutenant-colonel (au service de Jacques II probablement). On désignait Rob lui-même par le nom d’Inversnaid ; mais il paraît avoir eu quelque droit à la propriété de Craig-Royston, domaine couvert de rochers et de forêts, situé à l’est du Loch-Lomond, du côté où ce beau lac s’enfonce dans les sombres montagnes de Glenfalloch.

L’époque de sa naissance et celle de sa mort sont inconnues. Mais il prit, dit-on, une part active aux scènes de guerre et de pillage qui suivirent la révolution ; et la tradition assure qu’en 1691 il commanda en personne une incursion de pillards dans la paroisse de Kippen, comté de Lennox. Cette incursion ne coûta la vie qu’à une seule personne ; mais elle fut accompagnée de si grandes rapines, que long-temps encore on la distingua sous le