Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/41

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Le comte a le plus digne lieu ;
Il a part aux bienfaits du Maître de la terre,
D’un roi que l’univers regarde comme un Dieu ;
Je sais que son courroux est pis que le tonnerre :

Heureux qui peut jouir de ses faveurs ! Adieu.




X.

(Le comte de Grammont ayant fait une grave maladie, dont il faillit mourir, Saint-Évremond avoit composé d’avance son épitaphe, qu’il lui envova dès qu’il apprit son retour à la santé.)

ÉPITAPHE DE MONSIEUR LE COMTE DE GRAMMONT,
AVEC LE PORTRAIT DE L’AUTEUR.
(1695.)

Passant, tu vois ici le comte de Grammont,
Le héros éternel du vieux Saint-Évremond.
Suivre Condé toute sa vie,
Et courir les mêmes hazards
Qu’il couroit dans les champs de Mars,
Des plus vaillans guerriers pouvoit faire l’envie.

Veux-tu des talens pour la cour ?
Ils égalent ceux de la guerre.
Faut-il du mérite en amour ?
Qui fut plus galant sur la terre ?

Railler, sans être médisant ;
Plaire, sans faire le plaisant ;
Garder son même caractère,
Vieillard, époux, galant et père ;