Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aspiroient à la distinction ; et comme les hommes vivoient beaucoup plus avec les femmes qu’aujourd’huy, les personnages les plus graves payoient à la galanterie un tribut que ne réprouvoit pas l’opinion. On en a tant dit, sur le cardinal de Richelieu, qu’il est difficile de n’en pas croire quelque chose. Son successeur n’a pas eu meilleure réputation, et c’est ce qu’on lui a le moins reproché.

Les guerres civiles avoient rendu le mélange des sexes plus intime et favorisé même le relâchement. Les mémoires du temps nous révèlent les gaillardises de l’époque, et il y en a de piquantes. Certaines coutumes, restées de la vie féodale, telles que celle du service des pages auprès des femmes, ont fourni l’occasion à bien des aventures que notre siècle traite avec une sévérité outrée ; car ce qui devroit étonner, c’est qu’elles ne fussent pas arrivées. De jeunes adolescents assistoient les dames à leur toilette, et la nature prenoit souvent ses droits où elle les trouvoit. Tout le monde étoit coupable, si crime il y avoit, et la malheureuse Clémence de Maillé ne méritoit pas, peut-être, de gagner, à ce jeu, une prison perpétuelle. Mlle de Montpensier se hàtoit, dit-on, de donner un Louis à ses pages, et de les mettre à la porte, quand elle les voyoit troublés, en lui présentant ses chiffons. Qui ne connoît le triolet de Chapelle sur la liberté des mœurs, sous la Fronde :

Ô Dieu ! le bon temps que c’étoit ! etc.

Des mœurs, la liberté passa très-facilement au langage, et l’on s’en ressent dans les écrits sortis, alors, des meilleures compagnies. Les Divers Por-