Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/477

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un faux intérêt prévalant sur son esprit, il vous livra à celui qui paroissoit le plus riche. Rejetons la première faute de ce mariage sur Son Éminence. M. Mazarin n’est pas à blâmer d’avoir fait tous ses efforts, pour obtenir la plus belle femme, et la plus grande héritière de l’Europe.

Mme Mazarin a cru que l’obéissance étoit son premier devoir, et elle s’est rendue aux volontés de son oncle, autant par reconnoissance que par soumission. M. le cardinal, qui devoit connoître la contrariété naturelle que le ciel avoit inspirée dans leurs cœurs, l’opposition invincible des qualités de l’un et de l’autre : M. le cardinal n’a rien connu, rien prévu ; ou a préféré un peu de bien, un petit intérêt, quelque avantage apparent, au repos d’une nièce qu’il aimoit si fort. Il est le premier coupable de ces nœuds mal assortis, de ces chaînes infortunées, de ces liens formés si mal à propos, et si justement rompus. Ici toute la réputation qu’a eue le cardinal s’est évanouie. Il a gouverné le cardinal de Richelieu, qui gouvernoit le royaume ; mais il a marié sa nièce à M. Mazarin : toute sa réputation est perdue. Il a gouverné Louis XIII, après la mort de son grand ministre, et la reine régente après la mort du roi son époux ; mais il a marié sa nièce à M. Mazarin : toute sa réputation est perdue.