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CLUB DES FEUILLANTS 279

Révolution, le district des Feuillants, auquel l'ancien couvent avait donné son nom, se montrait favorable aux modérés, notamment à Bailly. Le bataillon des Feuillants était formé des gens du quartier qui avoisinait la place Vendôme. Lorsque le 17 septembre 1789, il y eut du bruit chez les boulangers, et lorsque la rumeur publique accusait Bailly à ce propos, le district des Feuillants s'arma pour la sûreté du maire de Paris.

Quelques jours auparavant, le 7 septembre, le bataillon des Feuillants avait fait bénir ses drapeaux à Saint-Roch, et madame Bailly avait quêté. Un dîner du bataillon avait eu lieu au pavillon de Flore. En avril 1790, il se préoccupa de l'assemblée aristocratique découverte aux Capucins de la rue Saint-Honoré[1].

La Fayette et Bailly avaient les mêmes partisans et les mêmes ennemis, qui les accouplaient dans tous leurs discours et dans tous leurs écrits. On prétendait qu'ils s'entendaient, au fond, avec la cour, et on les déclarait responsables de ce qui se faisait, à Paris, contre les patriotes d'action, contre les gens qui adoptaient les principes des Jacobins ou des Cordeliers. La Fayette et Bailly étaient les héros de la bourgeoisie parisienne, commettant à tout instant des actes qui les rendaient impopulaires. Les avancés n'oubliaient pas qu'ils avaient fondé la Société de 1789 ; ils regardaient comme équivoque leur conduite à l'égard des monarchistes et du Club monarchique. La loi martiale, votée le 20 octobre 1789, compromettait les officiers municipaux ainsi que les gardes nationales, par conséquent La Fayette et Bailly, lors de son exécution en cas de rassemblements et d'émeutes. Entraînés par leur enthousiasme commun pour la cause révolutionnaire, les membres du Club des Amis de la Constitution restèrent unis, ou à peu près, jusque vers le milieu de l'année 1791. La première question qui divisa les Jacobins fut celle de la rééligibilité des députés, dont Robespierre, Buzot et Pétion ne voulaient pas, et que voulaient Lameth, Barnave et Duport (mai 1791). Puis la fuite du roi ajouta aux discordes. Le 15 juillet 1791, le schisme éclata. Il y eut, le lendemain, assemblée aux Feuillants. La Constituante, ayant pour ainsi dire absous Louis XVI, après l'arrestation à Varennes, une pétition réclama la déchéance du roi et fut couverte de signatures. Nombre de Jacobins et de Cordeliers approuvèrent cette pétition, œuvre de l'orléaniste Laclos ; d'autres membres du Club des Jacobins n'en voulaient pas assumer la responsabilité et invoquaient l'inviolabilité de Louis XVI, à l'encontre de la déchéance.

  1. Voir, plus haut, Club monarchique, p. 126 et suiv.