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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES
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V

Bientôt, les Révolutions de Paris imprimèrent :

«… Les intrigans, les ambitieux d’argent ou de pouvoir se saisirent d’un Club de 1789, qui existait déjà obscurément, et y attirèrent plusieurs membres de celui des Jacobins, en leur persuadant qu’ils n’y avoient pas assez d’influence, ou que ce Club était vendu au parti d’Orléans.

« Dès qu’ils eurent réuni un assez grand nombre de députés, non connus pour aristocrates, le Club de 1789 vint s’étaler pompeusement au Palais-Royal, dans un superbe appartement et avec tout le fracas nécessaire pour attirer, pour frapper les regards de la multitude.

« Le Club de 1789 affecta de se proposer les mêmes objets que celui des Jacobins, des discussions politiques ; mais on y ajouta d’autres avantages et agrémens tels que de bons dîners, dont on entendait bien tirer parti.

« La discussion sur la guerre et la paix avoit signalé les intrigans, qui, sous l’apparence de la popularité et du patriotisme, servoient le ministère pour leur propre intérêt. Ils n’avoient plus rien à risquer en levant le masque ; ils firent décréter, à leur Club, que les députés à l’Assemblée nationale, non domiciliés à Paris, pourroient être reçus à titre d’associés et seroient invités à délibérer dans ses assemblées de discussion, ainsi qu’à jouir de tous les avantages et agrémens de la Société pendant le temps que durera l’Assemblée nationale, et que lesdits associés ne pourront point payer de cotisation.

Cependant ce Club a un loyer considérable et qu’on dit être de 24, 000 livres ; les banquets y sont à un louis par tête[1], ce qui exigeroit que chaque participant fit une cotisation, si la bourse ministérielle ne subvenoit avec des assignats aux frais de cet établissement. « Certes, il est indifférent à des gens qui veulent discuter des matières politiques d’être dans une salle qui leur coûte cent écus ou

  1. Cet arrêté du club est du 28 mai ; et avant le 10 juin, plus de cent membres de l’Assemblée nationale se présentèrent (plus de cent vingt membres, selon le Journal et furent associés. Je voudrois bien savoir quels sont ces cent goinfres qui ont été se faire endoctriner pour un dîner ; je les dénoncerais à leurs départemens. N’ont-ils pas de quoi vivre avec 18 francs, sans aller compromettre leur opinion pour un dîner ? » — Ils étaient admis par la voie du scrutin, fait entre douze commissaires nommés à cet effet, et ils pouvaient ne pas payer de cotisation.