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« Depuis, quelques vaillants touristes ont découvert ma caverne de roses. Ils ont parcouru d’ombreuses et chastes forêts, gravi des rocs éclatants pour suivre le sillage lumineux et parfumé de mes pas. Ceux-là seuls savent maintenant le mystère de mes yeux et la splendeur de ma chevelure de rêve. Je les aime. J’ai ceint leurs doctes fronts de palmes et de fleurs. Ils ont su être libres dans un monde d’esclaves et de pharisiens. Et ils s’en vont, dans l’éclat de leur jeunesse et de leur foi, libres et doux, par de libres chemins. Ils ont bu mes baisers infinis : leur amour flamboie dans les cœurs comme une immense aurore, tandis qu’au seuil du siècle nouveau, sonnent déjà leurs Lyres victorieuses.

— « .. Dis-nous les noms de tes enfants divins ? scintilla le cœur d’un grand coquelicot, rouge comme une grenade mordue.

La Nymphe vermeille but quelques fines gouttes de rosée dans un lys, puis reprit :

— « Ils sont peu nombreux, ceux qui gravirent la