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Ton front, qu’assombrissaient d’enfantines tourmentes
Aux rayons de mes yeux je l’ai fait rougeoyer.
Paré de fleurs, voici mon corps ! Je suis l’amante
Dont les sublimes mains d’aurore t’ont choyé.

Tremblante, j’ai béni, de ma vie de lumière !
— Afin que de toi naisse un hymne flamboyant —
Le luth que t’ont tendu les dieux en te voyant ;
Et j’enflamme tes pas de roses et de lierre.


Lève-le plein d’éclat vers les neuf saintes sœurs
Ton luth pesant de chants mûris comme un automne !
Et que ta grave voix torrentueuse tonne
Avec des bruits d’abîme inconnus et berceurs.

La terre roule des sanglots. Fais les revivre
Au soleil de la route aimante que tu suis !
Ma force d’or t’éclaire et mon rêve t’enivre
Et tous les astres d’aube en tes beaux yeux ont lui.