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Au temple où gronde un chœur de verdoyants clairons,
Que les sureaux pieux investissent d’ombelles,
L’heureuse hamadryade avait mis à ton front
La clarté des levants et des étoiles belles.

Flore t’offrait l’éclat de ses seins nus où dort
Un ciel mystérieux de grappes ruisselées,
Tu revenais, plus grand, l’âme toute troublée,
De ton hyménée chaste avec les sources d’or.

La Beauté sanglotait, en deuil comme une veuve…
Ton luth brillait du sang des dieux dont il est teint,
Et dans la gloire éblouissante des matins
Tu jetas la douceur de tes paroles neuves !

Tes poèmes ouataient de baisers les chemins,
La Vie vers toi tendait ses beaux bras de faunesse
Et tu disais : Chantons l’amour pour qu’il renaisse !
Et les vierges joignaient leurs étoilantes mains !