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DOUZE ANS DE SÉJOUR

habitant qui lui sert de patron, préside à ses transactions et perçoit de légers droits. Durant les deux ou trois mois dits d’hiver, seule époque où quelque fraîcheur se fasse sentir, les indigènes aisés habitent des maisons en pierre, à un étage ; ils vivent le reste du temps sous leurs huttes de nattes, qu’ils construisent quelquefois sur des pilotis plantés dans la mer afin de jouir des rares brises de l’été. La marée, qui ne monte pas au delà d’un pied, et les vagues, qui ne sont que de légères ondulations, n’incommodent aucunement ces humbles demeures. Comme les bêtes de somme n’entrent pas à Moussawa, la boue et la poussière y sont très-rares. Le gouverneur habite une assez grande maison en pierre, à un étage, et couverte d’une terrasse encombrée de huttes en nattes destinées à ses femmes. Cette maison contient la salle du Divan, où il siége presque toute la journée ; elle longe une petite place informe qui s’étend jusqu’au débarcadère, situé au nord de l’île et défendu en apparence par une demi-douzaine de canons en mauvais état. Le port, protégé contre les vents du sud par l’île même, et de ceux du nord par le cap Abd el Kader, a vingt pieds d’eau et un bon fond d’ancrage. Vis-à-vis le débarcadère et à l’O.-N.-O. se trouve le cap Guérar, jetée artificielle, longue d’une centaine de mètres et attenant à la terre ferme à 500 mètres environ de l’île ; c’est par là surtout que Moussawa communique avec le continent ; c’est par là aussi que la plupart des habitants aisés passent chaque soir en se retirant à Ommokoullo, village composé de huttes éparses et situé à une heure de la jetée de Guérar. Ils s’y rendent pour respirer un air qu’ils disent plus salubre et pour y être plus à l’aise que dans leurs demeures de l’île, ou, à cause de la sonorité de l’atmosphère et de l’agglomération des maisons, ils ne