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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

la pâte, la façonne en forme de boule creuse, et, avant de la mettre cuire sur la braise, introduit dans l’intérieur une pierre préalablement rougie au feu.

Le 29 mars 1838, nous arrivâmes dans un district nommé Igr-Zabo, et nous fîmes halte près d’une source qui jaillit au pied de grands rochers. Depuis Halaïe, nous étions sur le territoire du Dedjadj Kassa, fils du Dedjadj Sabagadis, prince célèbre en Éthiopie, et ancien allié de l’Angleterre. Le Dedjadj Oubié avait épousé la sœur de Kassa, mais ces princes n’entretenaient que des rapports équivoques qui devaient les conduire à une rupture violente. Le lieu de séjour habituel du Dedjadj Kassa était à deux journées, au sud, de notre route, mais nous savions que le Dedjadj Oubié concevrait de la jalousie si nous faisions des présents ou même une visite à son beau-frère.

Le district d’Igr-Zabo appartenait en fief à un des principaux vassaux du Dedjadj Kassa, nommé Gabraïe. Ce chef envoya un soldat pour réclamer de nous un droit de passage sur ses terres.

En Éthiopie, les douanes sont établies dans les centres de population ; le prince les afferme annuellement ; mais en outre, et dans le Tigraïe surtout, certains districts, en vertu d’anciens privilèges, perçoivent des droits de passage pour leur propre compte. Les péagers guettent nuit et jour et arrêtent les passants, afin de s’assurer s’ils ne sont pas trafiquants, car l’usage veut que ces derniers seuls soient imposés. Les droits ne sont nulle part fixés par un tarif, et varient selon l’adresse des intéressés. Dans la langue du pays, ces postes se nomment portes. Malheureusement pour nous, les voyageurs européens, et surtout les Allemands, avaient consenti à payer ces droits, quoiqu’aucun d’eux n’eût