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LETTRES D’ABÉURD ET D’HÉLOlSE.

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VIII. La sacristine, qui, en même temps, sera trésorière, aura soin de l’église ; elle aura la garde des clefs et de tous les objets du culte, elle recevra les offrandes, elle pourvoira aux ornements, se chargera de les faire réparer et d’en fournir de nouveaux. Ce sera à elle encore de préparer les hoslies, les Tascs sacrés, les livres et la décoration de l’autel, les reliques, l’eucens, le luminaire, l’horloge, les cloches.

Ce sont les vierges, s’il est possible, qui feront les hosties, nettoieront le froment qui sert à les faire, et laveront les pales de l’autel. Quant aux reli- ques et aux pales des religieux, ni la sacristine, ni aucune religieuse n’aura le droit d’y toucher, à moins qu’on ne leur donne les pales à laver ; on ap- pellera et on attendra pour cela les moines ou leurs convers, et, s’il le faut, on en subordonnera pour cela à la sacristine quelques-uns qui soient dignes de les toucher : ils les prendront et les replaceront dans les armoires qu’elle aura ouvertes. 11 convient que celle qui a ainsi la garde du sanctuaire se dis- lingue far sa chasteté ; qu’elle soit, autant que possible, vierge de corps et d’âme, d’une abstinence et d’une continence éprouvées. Il est absolument in- dispensable qu’elle connaisse le comput de la lune, afin de parer l’église suivant l’ordre des temps.

La chantre aura la direction du chœur et vei]lera à la disposition des divins offices ; elle apprendra aux autres a chanter, à lire, à écrire et à dicter la musique. Elle aura aussi la garde de la bibliothèque, donnera et reprendra les livres, prendra soin des copies et des enlumiuures. Elle réglera la tenue du chœur, assignera les places, désignera celles qui devront lire ou chanter, et dressera la liste des semainières qui sera lue tous les samedis au chapitre. En vue de ces divers services, il convient donc qu’elle soit instruite et qu’elle connaisse particulièrement la musique. Sous les ordres de la diaco- nesse, elle tiendra la main à l’observation de la règle, et, en cas d’empêche- ment, c’est elle qui la remplacera dans ses fonctions.

L’infirmière aura le soin des malades et veillera aux tentations de leur âme, comme aux besoins de leur corps. Ce que leur état de santé exi- gera, aliments, bains ou toute autre chose, elle le leur donnera. On connaît le proverbe : a Ce n’est pas pour les malades que la loi a été faite. » On ne leur refusera donc jamais de la viande, si ce n’est les vendredis, les veilles des grandes fêtes, les Quatre-Temps et le Carême ; car il faut d’autant pins les préserver du péché qu’elles doivent davantage songera leur salut. C’est alors surtout qu’il faut s’étudier à garder le silence, où l’excès n’est jamais un défaut, et se livrer à la prière, ainsi qu’il est écrit : « Mon fils, ne vous abandonnez pas vous-même dans la maladie, mais priez le Seigneur, et il aura soin de vous. Détournez-vous du péché, élevez vos mains vers lui, et