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LETTRES D’ABÉLARO ET D’HÉLOlSE.

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s’est rendu agréable à Dieu par ses jeûnes. » Et saint Augustin, sur le Re- mède de. la pénitence : « Considérez ces milliers de martyrs • : pourquoi célébrer leurs fêtes par des repas de débauche, et ne pas plutôt imiter leur vie par une honnête conduite ? »

Les jours où on ne mangera pas de viande, il y aura deux portions de légumes quelconques : on pourra ajouter du poisson. Point d’assaisonne- ment recherché ; on se contentera de ceux qui sont produits par le pays. Point de fruits que le soir. Quant à celles qui ont besoin d’un régime, nous ne défendons point qu’on leur serve des herbes, des racines, des fruits, ou autre chose de ce genre.

Si quelque religieuse étrangère à laquelle on aura donné l’hospitalité prend part au repas, on lui offrira quelque portion supplémentaire, pour lui donner une idée de la charité de la maison. Elle sera libre de partager cette portion avec qui elle voudra. On la fera asseoir à la grande table, elle et les autres, si elles sont plusieurs. La diaconesse les servira ; elle prendra ensuite son repas avec les servantes de table.

Si quelque sœur veut dompter en elle les ardeurs de la chair en dimi- nuant la quantité de sa nourriture, qu’elle ne prenne point sur elle de rien faire sans permission ; cette permission ne devra jamais lui être refusée, si ce n’est point un caprice, mais un sentiment de vertu qui lui a inspiré ce désir de privation, et si son tempérament est de force à la supporter. Hais il ne sera jamais permis à qui que ce soit…, de demeurer un jour sans manger.

Les vendredis, on ne mangera jamais rien d’accommodé au gras ; on se contentera de la nourriture des jours de Carême, sorte d’abstinence qui sera comme une marque de sympathique compassion pour les souffrances de l’époux mort ce jour-là.

Il est encore une chose qu’il faut non-seulement défendre, mais avoir en horreur, bien qu’elle soit en usage dans la plupart des monastères : c’est que les religieuses essuient leurs mains ou leurs couteaux avec les mor- ceaux de paiu qui restent du diner et qui sont la part des pauvres : pour ménager le linge de table, on ne doit point salir le pain des pauvres, que diâ-je ? le pain de Celui qui a dit en parlant des pauvres : « Ce que vous faites au moindre des miens, c’est à moi que vous le faites, i

Relativement aux jeûnes, il suffira de suivre la règle générale de l’Église, car nous ne prenons pas sur nous d’imposer aux religieuses des pratiques plus sévères que celles des pieux laïques ; nous ne voulons pas mettre la faiblesse des femmes au-dessus de la force des hommes. Depuis l’équinoxe d’automne jusqu’à Pâques, à cause de la brièveté des jours, nous pensons qu’un seul repas suffit ; nous disons à cause de la brièveté des jours, et non eu égard à l’abstinence monastique. Nous ne ferons point ici de distinction d’aliments.