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LA BALLADE DU TEMPS PERDU


À Mme  Jeanne Perdriel-Vaissière.


On fouille à chaque fin d’année
Parmi les cendres de son cœur,
Cherchant après toute flambée
Les vaines traces du bonheur.

Chaque jour, depuis notre enfance,
Marqué d’un caillou blanc ou noir,
Reflète en nous la survivance
Des mots d’amour, des mots d’espoir.

Je suis à la page vingt-trois
Du livre que Dieu me destine.
Le papier frémit sous mes doigts,
Un frisson court dans mon échine.

Pauvre livre dont la préface
Est un sourire de maman.
Mais, hélas ! tout passe, tout lasse.
Où donc es-tu, rire d’enfant ?

Ces humbles feuilles que j’ai lues
Annonçaient un cœur amoureux.
Pourquoi le soleil, sous les nues,
A-t-il blémi, le malheureux ?