Page:Abgrall - Luc hed ha Moged.djvu/96

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Depuis tantôt près de trois ans,
Je vous le jure par sainte Anne,
Je fus envoûté à Guingamp
(Si ce n’est vrai que Dieu me damne).

C’est qu’elle était charmante ainsi…
Et dussè-je périr au diable,
Il me la faut. Mon cœur meurtri
S’obstine à la trouver aimable.

C’était chez le marchand de vin,
À l’enseigne du « Geai qui chante ».
Il faisait beau, un clair matin…
(Encore Satan qui me tente).

J’ai péleriné, les pieds nus,
Dans la plaine, dans la montagne,
Tout en invoquant les vertus
De tous les bons saints de Bretagne.

Je dépéris et mon visage
Est marqué de profonds sillons.
Vous dites de moi, je le gage :
« C’est un coureur de cotillons ! »

Ma Doué, non !… Elle était belle,
Avec son tablier pimpant,
Tout comme une vraie demoiselle,
Des riches bourgeois de Guingamp.

Hélas ! elle n’est que servante,
Mes parents ne voudront jamais…
Tant pis ! son souvenir me hante.
Oui, je la veux et je l’aurai !