Page:Abgrall - Luc hed ha Moged.djvu/97

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Depuis tantôt près de trois ans,
Je vous le jure par sainte Anne,
Je fus envoûté à Guingamp
(Si ce n’est vrai que Dieu me damne).

Je vendrai mes terres, ma ferme,
Je quitterai parents, amis ;
À tout chagrin, il est un terme,
Nous quitterons donc ce pays.

Alors avec ma douce aimée,
Loin de Tréguier et de Lannion,
J’irai vivre ma destinée
Et que Dieu m’accorde pardon !

Je vais la voir, chaque dimanche.
Autrement, je mourrais d’ennui.
Mon cœur ainsi prend sa revanche
Des noirs cauchemars de la nuit.

Mon bon monsieur, mais il me tarde
De l’aller voir, d’un seul galop.
Dieu vous ait en sa sainte garde…
Kenavo, Monsieur, Kenavo ! »




Je viens de voir au cimetière,
Inscrits sous une même croix,
Deux pauvres noms, de main grossière,
Gravés dans un modeste bois.