Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/324

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Dès ce moment, le patron n’est plus à leurs yeux la principale ressource de leur vie, l’initiateur bienveillant et indispensable de leur travail, l’homme sans qui aucun d’eux n’aurait du pain assuré pour la semaine : le patron devient l’ennemi, et on le lui fait bien voir. Dès qu’il l’a vu, il est froissé ; rien de plus simple. Un homme intelligent et fort n’est pas souvent d’humeur à se laisser faire la loi. Il accepte le combat, ayant foi dans ses ressources et convaincu d’avance que la victoire doit lui rester. Si le danger devient trop pressant, il se ligue avec ses confrères pour mettre à la raison les ennemis de sa prospérité. Les ouvriers se liguent à leur tour, et la loi impartiale autorise l’une et l’autre coalition. Les ouvriers refusent unanimement de travailler tant qu’on ne leur cédera pas telle augmentation de salaire ; les patrons refusent de céder, et voilà toute une industrie en chômage. Le patron souffre, le consommateur souffre, l’ouvrier souffre plus que tout le monde, car il n’a pas un capital de réserve. Cela finit généralement par une cote mal taillée qui ne satisfait personne et qui laisse le capital et le travail profondément irrités l’un contre l’autre. N’ai-je pas exactement décrit le mécanisme de la grève ?

Mais je n’ai pas indiqué le point par où toutes les grèves se rattachent à un seul et même principe. La cause occasionnelle peut varier à l’infini :