Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépenseront jamais assez. Mme Olympe Audouard se plaint que les maris ont toujours 50 000 fr. dans leur poche pour payer les caprices de Mlles X…, Y… ou Z…, tandis qu’ils trouvent à peine 2000 fr. par mois pour acheter de la bure à leurs femmes. On répond à la très-gracieuse préopinante que 2000 fr. par mois font déjà 24 000 fr. par an, et que 24 000 fr. de toilette exigent pour le moins 200 000 fr. de rente. Et la discussion va s’égarant de plus en plus dans les menus détails, car les premières accusées, celles qui devaient puiser 50 000 fr. dans la poche de chaque mari, protestent qu’elles ne font pas leurs frais, qu’elles sont mal payées, et que neuf fois sur dix elles travaillent pour l’honneur !

M’est avis qu’il convient de reprendre les choses ab ovo et de traiter à fond, une bonne fois, la question des mœurs françaises.

Françaises est-il bien le vrai mot ? Parisiennes ne serait-il pas plus juste ? Le mal dont on se plaint est, si je ne m’abuse, plutôt local que général. Il y a bien çà et là trois ou quatre grandes villes qui copient les mœurs de Paris. Marseille, par exemple, et le Havre, et Bordeaux, ont plus ou moins adopté les fantaisies parisiennes ; mais entre Paris et Marseille vous avez Lyon, qui résiste au courant ; entre Paris et le Havre, Rouen tient bon pour l’honnête économie et l’antique sagesse ; entre