Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/24

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Mes études marchaient comme mes plaisirs, au petit pas. Je connaissais à fond le jardin botanique d’Athènes, qui n’est ni très beau ni très riche ; c’est un sac qu’on a bientôt vidé. Le jardin royal offrait plus de ressources : un Français intelligent y a rassemblé toutes les richesses végétales du pays, depuis les palmiers des îles jusqu’aux saxifrages du cap Sunium. J’ai passé là de bonnes journées au milieu des plantations de M. Bareaud. Le jardin n’est public qu’à certaines heures ; mais je parlais grec aux sentinelles, et pour l’amour du grec on me laissait entrer. M. Bareaud ne s’ennuyait pas avec moi ; il me promenait partout pour le plaisir de parler botanique et de parler français. En son absence, j’allais chercher un grand jardinier maigre, aux cheveux écarlates, et je le questionnais en allemand ; il est bon d’être polyglotte.

J’herborisais tous les jours un peu dans la campagne, mais jamais aussi loin que je l’aurais voulu : les brigands campaient autour d’Athènes. Je ne suis pas poltron, et la suite de ce récit vous le prouvera, mais je tiens à la vie. C’est un présent que j’ai reçu de mes parents ; je veux le conserver le plus longtemps possible, en souvenir, de mon père et de ma mère. Au mois d’avril 1856, il était dangereux de sortir de la ville ; il y avait même de l’imprudence à y demeurer. Je ne m’aventurais pas sur le versant du Lycabète sans penser à cette pauvre Mme  X… qui y fut dévalisée en plein midi. Les collines de Daphné me rappelaient la captivité de deux officiers français. Sur la route du Pirée, je songeais involontairement à cette bande de voleurs qui se promenait en six fiacres comme une noce, et qui fusillait les passants à travers les portières. Le chemin du Penté-